Archive pour Robert Culat

Témoignage d’un métalleux chrétien (Auteur invité)

Posted in Auteurs invités with tags , , , , , , , , , on 11 janvier 2013 by Darth Manu

Diminishing Diabolical Strongholds Vol. 1

Après Elie, c’est maintenant Lou Tou qui vient nous apporter son témoignage, et en profite pour nous présenter le groupe facebook « Vive le metal chrétien! » qu’il a créé, qui en plus d’être une communauté pour les métalleux chrétiens, met à jour régulièrement une liste des groupes de metal chrétiens en activité, par styles de musique.

J’en profite pour dire que si je me réjouis bien évidement de cette mobilisation de « cathos métalleux », cette rubrique est également ouverte à des points de vue contraires, et que si par exemple un metalleux non chrétien veut exposer de manière argumentée, comme un essai,  ou sous forme de témoignage ses réticences (ou sa colère, ou son indifférence…) à l’encontre du metal chrétien, voire du christianisme en général, il est le bienvenu. De même, la forme du témoignage et la question metal/foi ne sont que des possibilités, des analyses sur tel ou tel aspects du metal pouvant par exemple en être une autre.

J’ai découvert le hard rock quand j’était en 5ème avec Aerosmith c’est à dire à l’âge où on ne se pose pas beaucoup de questions spirituelles…Pourtant, je me rappelle que nous étions 3 à écouter du hard rock /neo metal (ce qui était pour nous le plus extrême de la musique ^^), cependant j’était choqué par l’imagerie des T-shirts de Marilyn Manson que portait un des élèves de ma classe.

J’ai continué à écouter Aerosmith et quelques groupes de néo jusqu’en fin de 3ème où j’ai fait une dépression…J’était envahi de questions entre autres spirituelles et affectives.

C’est alors que j’ai commencé à écouter d’autres groupes qui pour moi étaient encore plus extrêmes tels Apocalyptica ou System of a Down…).

Sur le moment ces groupes m’aidaient à exterioriser une rage que je ne pouvais plus contenir. Cependant dans l’esprit de l’éducation que j’avais reçu, metal rimait avec satanisme. Au point culminant de ma depression, lors d’appels au secours, je me suis donc cru « sataniste ».

Inutile de préciser que ma famille a immédiatement détruit tous les cds de metal que je possédais « pour mon bien ». Je vous raconte cela pas pour leur jeter la pierre mais pour montrer ce que les clichés peuvent engendrer .

Ma depression a duré toute l’année qui a suivi et j’ai alors découvert le metal chrétien avec le groupe de neo metal chrétien français Space in your Face. Cependant j’étais en croisade assez violente contre les groupes de metal que je considérais comme « satanistes », tels Slipknot etc..

C’est aussi durant cette année que j’ai découvert l’amour de Dieu à travers du rock chrétien (le groupe français P.U.S.H.), et differents groupes de prières… Mais plus intérieurement en m’appropriant le sacrifice du Christ à la Croix (cette folie de la Croix dont parle Paul dans ses épitres.) En me disant, « Jésus est mort pour moi, par amour, pour me sauver ».

Ma redécouverte de l’amour de Dieu s’est donc opérée en même temps que celle du metal (et cela continue chaque jour).

Mais j’ai vraiment découvert un aspect plus profond du metal en m’y jetant la tête la première ! J’ai donc passé un an à découvrir la richesse de chaque style et en référençant sur une page facebook ( « Vive le metal chretien! » note de Darth Manu ) tous les groupes chrétiens que je trouvais !

En même temps j’ai découvert que le metal non chrétien pouvait aussi être porteur d’un message profond et me rejoindre dans ma vie quotidienne.

Enfin j’ai découvert qu’une véritable fraternité rassemble les metalleux lors de concerts etc… et qu’ils vivent cette communion avec beaucoup de simplicité.

Je crois que le metal peut vraiment apporter « un supplément d’âme » comme dit le père Robert Culat. Ce qu’on expérimente dans le metal est transcendant, ce qui rapproche cette musique de la spiritualité. C’est pourquoi je vous invite tous à rentrer à fond dans la profondeur de cette musique en dépassant l’aspect « gros bruit », et à aussi à rentrer à fond dans le mystère chrétien ! L’un et l’autre vous ferons certainement grandir en humanité !

Ps: J’ai conscience du côté très brouillon de mon témoignage et m’en excuse très humblement …

Un témoignage sur la journée « Le Metal: des vibrations interdites? » du 25 novembre 2012

Posted in Auteurs invités with tags , , , , , , , , , , , on 17 décembre 2012 by Darth Manu

Via Crucis

Anne, l’une des participantes catholiques de la journée organisée par le service Arts, cultures et foi du Diocèse de Lyon sur la musique métal, qui se tenait le 25 novembre dernier dans la salle Maurice La Mâche, a bien voulu partager ses impressions, dans le témoignage ci-dessous. Merci à elle! 🙂

Pour mémoire, outre une « messe des artistes » célébrée le matin à l’église Saint Polycarpe, cette journée consistait en une table ronde, animée par Pierre Benoit, diacre du diocèse de Lyon et auteur d’un ouvrage sur Les chrétiens et les musiques actuelles, et qui rassemblait le Père Robert Culat, auteur du livre L’Age du Métal, Gildas Vijay Rousseau, membre et initiateur du groupe de metal électro-oriental Stamina, et moi-même, suivie d’un concert de Stamina, dans une ambiance qu’un autre spectateur a qualifié d' »intimiste », face à un public relativement peu nombreux mais très enthousiaste et, à ce qu’il m’a semblé, pleinement satisfait de la prestation du groupe. 

« Concernant la journée du 25 novembre à Lyon.

Tout d’abord, je me présente, je m’appelle Anne, je suis catholique et j’habite à Paris. J’ai entendu parlé de cet événement grâce à mon ami  Louis qui est métalleux. 
De base, je ne suis pas fan du métal, bien au contraire. Et Louis m’a fait découvrir ce milieu en me faisant écouter plein de styles différents, et en me montrant les aspects de chaque style de métal.
J’ai commencé à comprendre le métal, et à apprécier en écouter.

Je suis donc allée à cette journée « écouter voir » à Lyon le 25 novembre. Je ne pensais pas trouver cette complicité et cette simplicité qu’ont les métalleux. 
Le débat qui liait le métal au christianisme était très intéressant. Pour moi, le christianisme et le métal sont deux mondes complètement différents. Le métal était une atmosphère sombre, sans vie, mais grâce à Louis, mais aussi au Père Robert Culat, à Gildas de Stamina, à Emmanuel Navarre qui étaient présents, j’ai pu comprendre le but du métal chrétien. J’ai été éclairée sur beaucoup de points.

Le débat s’est terminé par un concert du groupe Stamina. J’étais très impressionnée. Un petit public, mais une joie, une complicité, une simplicité, une fraternité, une communion… Je ne pensais pas trouver ça dans un concert de métal ! Au début, j’ai observé ce qui s’y passait, et prise par le rythme et par la joie, je me suis mise à sauter et à danser… ! Le métal m’a défoulé l’âme, l’esprit et le corps !

A la fin du concert, j’ai pu parler aux membres du groupe Stamina, et aux métalleux qui étaient présents. Ils étaient tous très ouverts. Comme quoi, il ne faut pas juger les apparences…

 Le métal a changé ma vision des choses. Et notamment grâce à cette journée qui m’a libéré de beaucoup de chose à la suite. »

Sur cette journée, voir également les articles de Rue 89 Lyon, de France Info et de La Vie, une interview du Père Robert Culat réalisée le jour même, ainsi que le blog du Père Michel Durand, qui est l’organisateur de la journée et a publié plusieurs billets en lien avec elle.

 » Le Metal: des vibrations interdites ? « : journée autour du metal le 25 novembre 2012, à l’initiative du Diocèse de Lyon

Posted in Christianisme et culture with tags , , , , , , , , , , , , , , on 19 octobre 2012 by Darth Manu

Petit billet rapide juste pour vous signaler la tenue le dimanche 25 novembre prochain d’un débat sur le metal, organisé par le service Art, Culture et Foi du diocèse de Lyon, dans le cadre du colloque Ecout’voir, qui, durant trois jours (23, 24 et 25 novembre), se propose de faire découvrir ou redécouvrir à ses participants différentes formes d’ expressions artistiques:

« Passer de l’œil à l’oreille, c’est porter notre attention à l’autre, orienter notre regard pour discerner l’acte créateur, pour écouter ce qui se construit. Arpenter la gamme sonore et chromatique, c’est découvrir la richesse des expressions artistiques, c’est dépasser le blasphème pour voir le beau.

Ecouter et voir, c’est mettre l’accent sur l’action de l’Esprit qui permet la conversion, cet instant de création où on abandonne une ombre pour aller vers la lumière.« 

Le programme de la journée du 25 novembre, dédiée au metal, sera le suivant:

10h-12h: Messe à Saint Polycarpe (25, rue René Leynaud Lyon 1er)

15h-16h: Débat autour de la musique metal, qui réunira le Père Robert Culat, auteur du livre L’Age du Metal (Editions du Camion Blanc), Gildas Vijay Rousseau, organiste d’une paroisse du diocèse de Brest, membre et initiateur du groupe de metal électro-oriental Stamina (et, dans le registre de la musique classique, membre du duo orgue et voix Opus Duo), et moi-même. Le modérateur de cette table ronde sera Pierre Benoit, diacre du diocèse de Lyon,  agrégé  et docteur en philosophie, enseignant au Séminaire provincial Saint Irénée de Lyon et à l’Ecole Supérieure de Design Rhônes-Alpes, auteur du livre Les chrétiens et les musiques actuelles, aux éditions des Béatitudes (Salle Maurice La Mache, 75 Blvd Jean XXIII, LYON 8ème).

16h30-18h: Concert du groupe Stamina (Salle Maurice La Mache, 75 Blvd Jean XXIII, LYON 8ème)

Tarif: Débat + Concert: 10 € ( – 12 ans: 5 € )

Le programme de l’ensemble du colloque est disponible ici.

Pour vous inscrire dès à présent, imprimez et renvoyez le bulletin d’inscription  à l’adresse indiquée sur le document. Une billetterie sera également à disposition sur place.

La Norvège: du christianisme d’Etat au black metal

Posted in Les sources du black metal with tags , , , , , , , , , on 21 février 2011 by Darth Manu

Les racines du black metal sont norvégiennes. Au point où les expressions « black metal norvégien » et « True Black Metal » sont utilisées de manière interchangeable dans certains milieux…  Le black metal est même l’une des principales exportations culturelles de la Norvège:

« Au départ véritable « niche », le metal extrême avec en tête le black metal s’est peu à peu imposé pour devenir l’un des styles musicaux les plus connus hors des frontières du pays. Des premiers groupes reconnus comme Mayhem, Darkthrone ou Immortal à ceux qui ont fait évoluer le genre (Enslaved, Satyricon, Dimmu Borgir etc.), la Norvège reste le pays de référence pour ce style musical, et de nombreux groupes profitent d’un engouement qui ne semble pas se tarir » (brochure La Norvège naturellement, p. 20).

« Le style métal est traditionnellement l’un de ceux que la Norvège exporte le mieux. Des groupes tels que Satyricon, Red Harvest, Dimmu Borgir, Enslaved et Mayhem sont soutenus, en Norvège comme à l’étranger, par un public aussi fidèle qu’étendu, et la presse internationale spécialisée considère les groupes norvégiens comme faisant partie des meilleurs au monde dans ce genre musical » (Norvège: le site officiel pour Madagascar).

Pourtant la Norvège est un pays où le christianisme est religion d’Etat, et où son influence sociale, politique et culturelle est l’une des plus importantes au monde:

« La Norvège est l’un des pays du monde qui compte le plus de chrétiens actifs. Quelques 70 organisations mettent chaque été sur pied des réunions, assemblées générales, camps, conférences et conseils. Par dizaines de milliers, ils profitent de la douceur de l’été pour se ressourcer et raffermir leur foi avant de rentrer chez eux affronter le quotidien du chrétien militant. […] Chaque année, on vend une bonne centaine de milliers de livres sur le Christ et la foi chrétienne, et d’innombrables programmes télévisés sont consacrés au même sujet. Des milliers de missionnaires, bardés de colis alimentaires, apportent la bonne parole aux masses démunies. Des millions de personnes fréquentent les églises, et plus nombreux encore sont ceux qui joignent leurs mains le soir avant de s’endormir.
Chaque année paraissent trois cents titres de livres purement chrétiens, et les églises accueillent sept millions de fidèles au cours de diverses cérémonies. […] La société norvégienne est sans doute complètement dépendante de l’effort bénévole colossal consenti par les chrétiens engagés. Il est pourtant impossible de chiffrer l’assistance fournie par ceux-ci à la société dans des domaines tels que l’éducation des enfants, les mouvements de jeunesse, la culture, les sports, la santé, les soins aux personnes âgées, l’assistance aux toxicomanes, l’aide au tiers monde, etc.  » (article rédigé par par Nytt fra Norge et recueilli sur le site www.photos-suede.com).

Que le black metal suscite l’intérêt dans un pays relativement déchristianisé comme la France est une chose, mais comment expliquer qu’il soit né en Norvège, un pays dont les valeurs lui semblent si contraires? Pourquoi des jeunes qui baignaient dans une culture chrétienne ont-ils ressenti le besoin de s’y opposer si violemment?

Dans L’Age du metal, le père Robert Culat propose deux éléments de réponse:

1) Une religion d’Etat fortement majoritaire peut valoriser une « appartenance traditionnelle » au détriment d’une adhésion mue par une foi authentique: « Face à un christianisme majoritaire dans les statistiques et minoritaire dans les coeurs et la pratique se profile l’accusation d’hypocrisie et de tiédeur. Cela peut constituer à notre avis une possile explication aux actes extrêmes commis par l’Inner Cicle en Norvège. […] N’est-ce pas finalement aux symboles d’une religion affadie que ce sont attaqués les black métalleux scandinves? » (L’Age du Métal, p. 275).

2) Le black metal serait une réaction tardive aux abus de la christianisation de la Norvège au Moyen-Age: «  »En fait les membres de l’Inner Circle étaient davantage des nostalgiques de l’époque païenne (pré-chrétienne) que de vrais satanistes. Ces néo-païens, si l’on peut s’exprimer ainsi, reprochaient au christianisme, religion étrangère, importée et imposée, d’avoir tué leur culture véritable et originale. Brûler les églises en bois debout était à leurs yeux un acte prophétique, annonçant la restauration de la culture antique » (ibidem).

Par ailleurs, Robert Culat souligne également le rôle du climat des pays scandinaves, en s’appuyant sur les déclarations de divers musiciens BM (« Je suis persuadé que le climat froid de la Norvège, la situation isolée de ce pays, jouent un rôle important dans notre expression usicale. Ceux qui ont déjà foulé le sol norvégien comprendront… » (L’Age du Métal p. 274, propos de Nocturno Culto de Darkthrone, tirés de Metallian).

Enfin, il analyse un témoignage d’Isahn, d’Emperor, de la manière suivante:

« Cette figure de la scène BM parle de la jeunesse de son pays, la Norvège. Il décrit une existence vouée à l’ennui, totalement superficielle[…]. C’est le manque d’idéal qui prédomine. […] Les jeunes n’entrant pas dans ce moule deviennent vite des rebelles qui peuvent trouver une aventure à vivre dans le black metal. Ceux qui n’admettent pas cette vision médiocre de la vie sont parfois amenés à mépriser ceux qui s’en contentent (« les moutons »). Et du mépris à la haine il n’y abien souvent qu’un pas qui est vite franchi. […] Je ne retiendrai ici que deux concepts: la haine et la vénération de la Nature. La haine se comprend très bien à partir de ce qui vient d’être dit. Il s’agit souvent de la haine de l’homme, de la misanthropie. Mais il faut bien voir de quel homme il s’agit dans ce contexte précis: la haine propre au BM se porte sur l’homme mouton de panurge, sur l’homme médiocre et sans personnalité, sur l’homme qui est de moins en moins humain parce que de moins en moins libre. […] Quant à la vénération de la Nature c’est me semble-t-il, un concept majeur du B. […] Le concept de la Nature dans le BM peut tout d’abord se rattacher à la misanthropie. La Nature sauvage est le refuge pour le blackist car c’est l’endroit non encore souillé par l’homme malade et décadent […]. C’est précisément dans la Nature que le blackist épanche sa soif d’absolu et rencontre la transcendance qui fait cruellement défaut à nos sociétés bourgeoises athées » (Op. cit., p. 338 à 340, entretien accordé à Postchrist).

Nous avons donc une société fortement christianisée, que pour ma part, si peu luthérien que je sois et en l’absence de tout séjour personnel en Norvège, j’hésiterai quand même à qualifier de tiède ou d’hypocrite: « La société norvégienne est sans doute complètement dépendante de l’effort bénévole colossal consenti par les chrétiens engagés » nous apprend le précédent témoignage. Ce christianisme institutionnalisé, fortement ancré dans la vie quotidienne des norvégiens des années 1980-1990, et dans la norme sociale qu’ils définissent, peine à coïncider avec les aspirations et les besoins d’une partie de la jeunesse norvégienne, qui se sent marginalisée et associe en retour les valeurs chrétiennes si dominantes avec le conformisme,et l’hypocrisie perçues de la société qui leur parait si étrangère. A cette représentation conformiste du christianisme, superficialité apparente à laquelle est opposée l’intériorité de chaque métalleux, vécue comme l’authenticité, les black métalleux norvégiens vont répondre par une tentative de retour à l’origine, c’est-à-dire d’une part ce qu’il y a avant le christianisme, à savoir le paganisme scandinave, et d’autre part ce qu’il y a avant et au delà de l’homme, c’est à dire la Nature. Que ces deux origines coïncident très bien dans leurs thématiques étant la cerise sur le gâteau.

Cela démontre t-il une rupture réelle entre le black metal et la Norvège en tant que nation chrétienne? Personnellement, et à la suite du père Culat, je ne le pense pas.

Concernant la thématique de la haine, et le satanisme qui en est le corrélat, et comme j’ai cherché à le montrer dans un précédent article, il s’agit moins d’une opposition radicale à l’amour évangélique que d’une tentative, certes bien imparfaite, de discernement de la densité et de la complexité du réel derrière les idéologies qui viennent conforter toute majorité sociale, très proche  finalement dans l’esprit de la démarche du christianisme, ainsi dans « les pensées qui attaquent dans le dos » du philosophe scandinave (danois) Kierkegaard. Et pour ce qui est de de la vénération de la nature, et des thématiques néo-païennes qui en sont la traduction nostalgique, comme le montre le père Culat et comme j’ai également essayé d’en témoigner dans un autre article, pour naïve qu’elle puisse paraitre, il s’agit moins d’une négation de notre civilisation chrétienne que d’une tentative de reconstruction d’une relation à l’absolu, en face de l’échec apparent du christianisme. La destruction des églises en bois des premiers chrétiens de Norvège, pour condamnable qu’elle soit dans les faits, étant vécue par les premiers black métalleux comme la préfiguration du retour, la parousie pourrait-on dire avec un peu de mauvais esprit, des Dieux originaux de la Norvège, et de l’authenticité supposée de leurs valeurs.

Nous avons donc, d’une part une revendication de la sincérité du désir existentiel de l’individu face à la pression sociale, d’autre part la thématisation d’une forme d’espérance. S’il est vrai que le black metal norvégien a mené  à la formulation d’idéologies néo-païennes, satanistes ou néo-nazies on peut donc dependant déceler la part de l’héritage évangélique dans ses racines historiques. J’en veux pour illustration l’influence écrasante de l’oeuvre d’un catholique: Le Seigneur des Anneaux de Tolkien, dans les paroles et la symbolique de nombre de groupes norvégiens de BM, y compris et même notamment parmi les plus anti-chrétiens, tels que Burzum, Gorgoroth, … « Le classement par genres littéraires donne sans surprise aucune, la première place à la fantasy (dite aussi heroic fantasy) avec 43,50% des citations totales de livres. Le Seigneur des Anneaux de Tolkien vient largement en tête avec 80 cittions (livre et/ou film). […] C’est tout de même amusant de constater que c’est un auteur catholique qui est ainsi plébiscité! le milieu metal est souvent très paradoxal… » (L’Age du Metal p. 77, à partir d’un échantillon qui concerne il est vrai l’ensemble du metal, et non le seul BM).

Donc non seulement rien ne s’oppose dans les aspirations les plus primitives qui ont donné naissance  au black metal à sa reformulation chrétienne, mais il parait évident que sa naissance a été grandement favorisée par la mentalité si chrétienne de la Norvège.  Les groupes de BM chrétiens ne s’y sont pas trompé, ainsi le groupe suédois Crimson Moonlight, qui resitue la vénération des paysages de la nature scandinave dans une perspective de prière d’action de grâce:

« Thy Wilderness

As I wonder through the frozen
Landscape of Scandinavia
I am surrounded by
The magnificent creation
Thy nature truly a testimony
Of Thy eternal might
Like a wall, ancient mountains
Rise beyond the endless forests
As a mirror, the cold lakes
Reflect their shadows
Star of the Nordic skies glimpse
In harmony with the heavenly
Symphony of colours
The majestic northern lights

I praise Thee, o Master
For the gift of nature
I praise Thee
For the landscape of Scandinavia
Thou spread snow like wool
And scatter frost like ashes
Thou hurls down Thy hail like morsels
Who can withstand Thy icy blast?
Thou send Thy word and melt them
Thou stir the breeze
And let the water flow

Ancient beasts of the north
Made by Thy hands
In the depths of the Swedish
Wastelands they live
Elks and bears
Kings of the wood
Who would not fear their creator?
Thou have shown me
The beauty of lynx and fox
Their cunning conceived
By Thy wisdom in days of old
I have heard the wolves
Lift their howls of praise heavenwards
While ravens and eagles sour
In the midst of the sky
Proclaiming that the hour has come

For the day of the Lord is near
Soon it is upon us
Verily, I have seen Thy sign
The crimson moonlight » (Crimson Moonlight, The Covenant Progress, « Thy Wilderness« , paroles sur Dark Lyrics).