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To Hell and Back: relecture de mon Hellfest 2012

Posted in Hellfest with tags , , , , , , , , , , , on 17 août 2012 by Darth Manu

Dimanche 17 juin 2012, lors de la messe de 11 heures à l’Eglise Notre Dame, à Clisson, le Père Henry, curé de la paroisse, a énuméré diverses intentions de prières, pour les confirmants, etc. L’une de ces intentions concernait les festivaliers: il s’agissait de prier pour qu’ils rentrent bien chez eux, sains et saufs de corps, mais également d’esprit. Et lorsque je lui ai souhaité un bon dimanche à la sortie de la célébration, il n’a pas manqué de me répondre: « bon dimanche… et bon retour! »

C’est sous cet angle du retour que je souhaiterais aborder ce compte-rendu de l’édition 2012 du Hellfest. Avoir fait l’expérience de ce festival sur toute sa durée, contrairement à l’année dernière où je n’avais pu être présent que le dimanche à partir de 13 heures, qu’est-ce que cela a changé en moi, quels souvenirs, quelle empreinte a-t-il déposés en moi, quels sont les fruits que j’en reccueille, bons ou mauvais, dans ma vie ?

Il pourra sembler curieux que je publie ce compte-rendu plus de deux mois après mon retour. Je voulais dans un premier temps, il est vrai, l’écrire dans la foulée. Des contraintes professionnelles m’ont dans un premier temps dissuadé de le faire. Puis, à la réflexion, il m’a paru préférable de laisser mûrir l’écriture de ce billet, afin de ruminer les traces que le Hellfest a pu laisser en moi, et répondre, à froid, à cette question que le Père Henry posait implicitement: « Au dela des plaisirs procurés par l’ambiance festive, la musique, l’amitié, les déguisements, l’alcool parfois, qu’est-ce que ce festival fait à mon âme? ».

Après deux mois de retour à ma vie quotidienne, et un temps de retraite de cinq jours, où j’ai confié parmi d’autres cette question au Seigneur, je suis d’avis de dire: rien, ni en bien, ni en mal.

Pourtant, si j’ai commencé la partie musicale de ce festival par un groupe chrétien (Betraying The Martyrs), j’ai passé l’essentiel des trois jours sous l’immense chapiteau qui abritait les scènes The Temple (dédiée au black metal) et The Altar (consacrée au death). A ce titre, j’ai assisté à la prestation de beaucoup des groupes « polémiques »: Merrimack, Taake (pas de croix gammée ni de discours islamophobes… une croix inversée, ceci dit), Necros Christos, Behemoth, Endstille, Cannibal Corpse (j’ai loupé Dimmu Borgir par contre: c’était tout à la fin, dans la nuit de dimance à lundi, et j’étais trop crevé)…  J’ai vu aussi une partie du concert de King Diamond, sur le Main Stage 2, si mon souvenir est bon.

Bien que je connaisse les paroles et le discours provocants de certains de ces groupes, je n’ai eu à aucun moment le sentiment de participer à un rassemblement qui avait pour objet d’attaquer ou de salir ma foi. J’avais au contraire le sentiment que ce qui reliait les spectateurs, très divers pour avoir écouté certains d’entre eux ou discuté avec d’autres, était la musique. Et pourtant, mon identité de catholique était clairement visible aux yeux de tous: par dessus un t-shirt de metal, j’arborais sur ma poitrine le crucifix des dernières JMJ, assez imposant. J’ai bien senti quelques regards loucher sur ma poitrine (surtout le vendredi: je portais en dessous un t-shirt dont l’illustration renvoyait clairement au black metal, ce qui créait un effet de contraste assez saisissant), mais personne ne m’a fait de remarques, ne s’est moqué de moi, ni ne m’a créé de problèmes d’une quelconque manière. Et pourtant, une fois encore, je rappelle que j’ai passé l’essentiel de mon temps au pied de la scène consacrée au black metal, la plus susceptible donc en théorie de rassembler des individus irrationnellement hostiles au christianisme. Le dimanche matin, alors que je me rendais à la messe, j’ai demandé mon chemin au barman d’un café. Quand il m’a entendu demander où était l’Eglise, il a regardé, les yeux écarquillées, mon crucifix sur le t_shirt d’Opeth que je portais. Ce fut la réaction la plus visible à laquelle j’ai assisté, et celle qui m’a le plus amusé.

Si je fais la balance des plaisirs et des frustrations que le Hellfest m’a apporté, je rangerais immédaitement dans le premier groupe le plaisir des découvertes musicales (je n’aime pas les provocations de Taake, comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire dans mon billet Metal et Islam, mais musicalement, qu’est-ce que c’est bien). Egalement, assister à la prestation d’un groupe sur scène permet de découvrir son jeu scénique, l’ambiance qu’il cherche à créer, le rapport qu’il cherche à établir avec son public, d’une manière qui n’est pas perceptible à la seule écoute des albums. Comme Gwenn Coudert l’écrit dans son livre Black Metal et art contemporain (Editions du Camion blanc) sur lequel j’aurais l’occasion de revenir dans un futur billet qui lui sera consacré:

« Le live est le théatre de l’expression black metal. Ce contexte particulier engendre une interprétation distncte de la musique mais aussi un travail qui va bien plus loin que celui qui incombe à la composition d’un morceau. Le concert, c’est aussi la sphère où se joue l’interaction du groupe avec son public et ça n’est pas une donnée à prendre à la légère. Si beaucoup de gens attendent leurs titres favoris au cours d’un live, de nombreux individus découvrent également un groupe par l’intermédiaire de la scène.

Le concert est le lieu d’échange entre le groupe et son public et permet à celui-ci de se rencontrer et de renforcer ses liens. […]

Le black metal exprime sur scène toute sa puissance et ses leaders profitent de leur position en hauteur pour jouer les orateurs et couvrir le public de leurs cris. La scène est alors le socle de l’oeuvre black metal elle-même mise en mouvement par le jeu des éclairages. » (p. 115 et 117)

A noter que si le chanteur se fait orateur, ses paroles sont quasiment incompréhensibles sur scène. C’est donc la forme même de l’acte oratoire qui se trouve ici magnifiée, par la musique et la mise en scène, comme performance artistique, et non le contenu du discours, inaudible pour ceux qui n’auraient pas lu au préalable les pochettes, de même que les logos sont illisibles ou presque pour ceux qui n’ont pas l’habitude des groupes.

Autres plaisirs: la joie des festivaliers qui profitent pleinement de trois jours qu’ils ont attendu toute l’année et dont ils entendent profiter plainement. Joie également d’être réunis au sein de la communauté des métalleux, alors que nous faisons trop souvent figure de marginaux aux yeux de beaucoup de nos contemporains, bien que la plupart d’entre nous soyons normalement inséré dans la société. Enfin, j’ai été heureux de revoir « Etienne web » le vendredi et le samedi soir, et d’assister avec lui à plusieurs concerts. Le dimanche, j’ai pu faire la connaissance IRL, de deux autres de mes lecteurs: mon confrère blogueur Larsen, et Gwenn Coudert, chroniqueuse à Soil Chronicles et auteure d’un livre que je viens de citer.

Du côté des frustrations: essentiellement le fait d’avoir été tout seul au Hellfest, la plupart des personnes que j’y connaissais déjà n’ayant pu y être présentes cette année, pour des raisons diverses. J’y ai certes retrouvé le soir Etienne, et j’ai fait des connaissances le dimanche. Mais ma tente était isolée. Si je suis heureux des découvertes musicales que j’ai faites, et d’avoir vécu un Helfest de bout en bout, il importe de souligner que ce festival est en son âme une activité communautaire, festive: on y va en famille ou entre amis, pour faire la fête et oublier les problèmes de la vie quotidienne, hors de notre petit monde quotidien et de ses repères normés.

A ce titre, le Hellfest s’apparente moins à une « fête de l’enfer » qu’à un carnaval: les gens s’y déguisent, y boivent beaucoup, y dorment peu, se livrent à toutes sortes de paroles et de comportements excessifs. Non pas parce que ce festival leur fait embrasser leur « côté obscur », mais parce qu’il les divertit, les abstrait de leurs problèmes l’espace de trois jours, pour les placer dans un lieu différent, sous une apparence différente, avec un comportement différent, et au sein d’une communauté différente. L’espace d’un long week end, ils oublient les règles de notre société, pour faire comme s’ils étaient immortels. Non pas qu’ils rejettent ces règles, mais qu’ils s’en éloignent le temps de décharger toute leur frustration, leur fatigue et leur angoisse (notez que là je parle du défoulement d’une fête, pas de l’effet cathartique d’une oeuvre d’art, sur laquelle je reviendrai prochainement dans la suite de mon billet black metal et catharsis).

A propos du Carnaval, on peut rappeler que malgré ses origines païennes et les comportements licencieux très au delà de ce que l’on peut observer au Hellfest, fut davantage « sur le terrain » canalisé que combattu par l’Eglise, malgré une opposition de principe:

« Histoire du Carnaval en France.[…] Durant tout le Moyen âge, c’est l’Église elle-même qui mène le carnaval. Les bizarres fêtes des Fous (de Noël à l’Épiphanie), et de l’Âne, celle des Innocents, la procession du Renard à Paris, celle du Hareng à Reims, auxquelles participaient prêtres et chanoines, n’étaient guère que des saturnales burlesques et obscènes qui se perpétuèrent en dépit des interdictions de plusieurs conciles (notamment celui d’Auxerre, 578) jusqu’au XVIe siècle. Commencées aux derniers jours de décembre, les réjouissances populaires se prolongeaient sous divers noms presque jusqu’à Pâques. A la fête du Roi de la fève, succédaient celles des jours gras et de carême-prenant, celle des Brandons, celle de la mi-carême (Epiphanie, Carême).

Les jours gras. Précédant immédiatement le mercredi des Cendres, les jours gras, le mardi gras surtout, furent à toutes les époques la période la plus joyeuse et la plus bruyante du carnaval. Alors seulement, on pouvait se masquer en plein jour, et le peuple usait largement d’un privilège réservé longtemps aux seuls gentilshommes. Les divertissements carnavalesques n’ont jamais beaucoup varié. Repas solide où figurent comme pièce de résistance une oie ou un dindon, comme accessoires obligés les traditionnelles crêpes, larges beuveries, mascarades sillonnant les villes à grands fracas, bals échevelés; cavalcades et momons en plus pour les bourgeois et pour les nobles qui se distinguent par le luxe de leurs travestissements mais non par le raffinement de leurs plaisanteries. Même le plus grand plaisir des princes est de se mêler au populaire. Henri III courait les rues de Paris, costumé en Pantalon vénitien et s’amusait fort à battre les passants et à jeter dans la boue les chaperons des femmes. On ne s’en étonnait guère; c’étaient les moeurs du temps.

Les vieilles femmes osaient à peine quitter leurs maisons de peur des attrapes du mardi gras. On plaquait sur leurs manteaux noirs des empreintes de craie figurant des rats et des souris, on attachait à leurs robes des torchons sales. Nous ne parlerons des obscénités étalées en public, et des facéties grasses, que pour rappeler qu’elles étaient un des traits les plus caractéristiques des saturnales. Les théâtres ont conservé longtemps la tradition de jouer les pièces les plus licencieuses dans les derniers jours du carnaval, et la Comédie-Française elle-même représentait le Don Japhet d’Arménie, de Scarron. Voilà, jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, le fonds commun des amusements des jours gras » (Imago Mundi, « Le Carnaval).

Pourtant, contrairement au Hellfest, très cadré et bien organisé, les carnavals donnèrent lieu à toutes sortes d’excès qui leur valu une hostilité durable des autorités:

« Police du carnaval. De très bonne heure, les licences du carnaval attirèrent l’attention du pouvoir. Une foule d’abus, de désordres, même de crimes, se commettaient sous le masque, quand cela ne débouchait pas sur un bain de sang comme celui auquel donna lieu le carnaval de Romans (Drôme) en 1580 (Emmanuel Leroy Ladurie, Le Carnaval de Romans, Gallimard, 1979) . Charlemagne voulut bannir les mascarades de son empire. Il n’y réussit pas et, pendant tout le Moyen âge, le carnaval, adopté et protégé par l’Église, étala en plein jour ses fantaisies les plus grossières et les plus monstrueuses. Le 9 mars 1399, Charles VI, rappelant d’autres ordonnances qui ont été perdues, défendit

« que nul ne portast faux visages ne embrunchiez et que interposeement, par personnes incongneues, aucun ne batist ou injuriant, ne feist batre ne injurier autres personnes ». A partir du XVe siècle, les parlements commencèrent à sévir; mais la fréquence même de leurs arrêts peut inspirer quelques doutes sur leur efficacité. Nous citerons les principaux. Le 14 décembre 1509, le parlement de Paris défend de faire et de vendre des masques, de porter des masques, de jouer au jeu de momon en masques ou avec d’autres déguisements, à peine de prison et d’amende (Id. Clermont, 27 décembre 1509). Le 26 avril 1514, arrêté portant que les masques et faux visages seront brûlés en public, avec défense d’en porter sous peine de confiscation. Les 26-27 novembre 1535, 9 mars 1539, 2-14 janvier 1562, 8 janvier 1575, 4 février  1592, défense d’aller en masques dans les rues de Paris avec des joueurs d’instruments, à peine d’être punis comme perturbateurs du repos public.

Une ordonnance royale du 9 novembre 1720, et une ordonnance de police du 5 février 1746, interdirent aux masques de porter des bâtons et des épées ou d’en faire porter par les laquais. Des ordonnances de police du 6 décembre 1737 et du 11 décembre 1742, défendirent aux jeunes gens et tapageurs de nuit d’entrer de force dans tous les lieux où il y a des bals et de la musique (c’était, comme on l’a vu plus haut, l’usage en temps de carnaval), de violenter les traiteurs, leurs femmes et enfants et d’obliger les violons à jouer toute la nuit.

Le carnaval fut interdit de 1790 à 1798. A partir de cette époque, la police a publié tous les ans au moment du carnaval une ordonnance conçue toujours à peu près dans les mêmes termes. Visant la loi des 16-24 août 1790, l’arrêté des consuls du 12 messidor an VIII, celui du 3 brumaire an IX, les lois du 7 août 1850 et 10 juin 1853, les art. 259, 330, 471, 475 et 479 du C. pén., elle interdit à tous les masques de se montrer sur la voie publique avec des armes ou bâtons, de se masquer avant 10 heures du matin et après 6 heures du soir, de prendre des déguisements de nature à troubler l’ordre public ou à blesser la décence et les moeurs, de porter aucun insigne, aucun costume ecclésiastique ou religieux, d’apostropher qui que ce soit par des invectives, des mots grossiers ou provocations injurieuses, de s’arrêter pour tenir des discours indécents et provoquer les passants par gestes ou paroles contraires à la morale, de jeter dans les maisons, dans les voitures et sur les personnes des objets ou substances pouvant causer des blessures, endommager ou salir les vêtements, de promener ou brûler des mannequins dans les rues et places publiques » (id.).

Quand on le compare à tous ces débordements, qui ont une présence dans notre culture bien ancrée tout au long de son histoire, et une origine païenne évidente, le Hellfest parait bien sage et raisonnable. On s’explique donc assez peu que certains puissent y voir la tête de pont d’une contreculture vouée à subvertir les valeurs chrétiennes de notre société et à avoir un impact « révolutionnaire » sur elle.

Concernant cette thématique du divertissement , j’ai eu lors du festival, mais hors de son enceinte, une expérience spirituelle qui m’a paru très éclairante. Le dimanche matin, ayant largement surévalué mon temps de marche, je suis arrivé à l’église avec une heure d’avance sur l’horaire de la messe. Je l’ai consacrée à prier. Cela faisait un bon moment que je n’avait pas pris un temps d’oraison d’une heure, et ce fut une très belle expérience, pleine de fruits spirituelles, à mon avis, paradoxalement, mon meilleur souvenir du festival. Pour être honnête, l’émotion spirituelle dépassait de loin en profondeur celle esthétique que j’ai ressenti lors de l’écoute des groupes présents au Hellfest. En comparaison, cette dernière n’apportait que peu à mon âme, ni en bien certes, ni (d’ailleurs) en mal. C’est-à-dire que si je n’ai pas retrouvé une émotion de cette profondeur et de cette qualité à mon retour au Hellfest, je n’ai pas non plus éprouvé de gêne, ni pendant ma prière, ni de retour au festival, ni lors de ma relecture en retraite, quand aux prestations auxquelles j’avais assisté. Je connais les paroles et l’antichristianisme primaire de certains groupes, et je suis bien sûr d’avis que l’on peut discuter les points d’accrocs thématiques et historiques entre le metal et l’Eglise, qui héritent d’une tension déjà présente dans l’histoire du rock. Mais c’est un enjeu que je distingue de ce qui se joue dans le débat du Hellfest, où les discours hostiles de certains groupes, ne m’apparaissent pas magnifiés, mais au contraire neutralisés, sous la forme du divertissement. J’assistais à ce festival après trois ans d’expérience de cette polémique, je voyais la représentation de groupes dont je savais qu’il n’apprécient pas particulièrement le christianisme ou qu’ils s’intéressent à l’occultisme ou au satanisme, et pourtant je n’arrivais pas à faire le lien entre ce que je voyais et entendais, et tous ces débats ue nous autres cathos menont entre nous nous. Parce que ce que ces groupes faisaient devant moi, ce n’était pas haranguer une foule christianophobe, mais délivrer une performance artistique. Et ils se succédaient sur scène, non chrétiens, anti chrétiens, et chrétiens (Betraying the Martyrs, August burns red…), réunis non pas par une idéologie commune, mais par la musique. Et réciproquement, les saluts et appaudissements du public manifeste un asseniment à une esthétique, et non à une tribune pour ou conre le christianisme. Les chroniqueurs de magazines spécialisés qui ont fait un compte rendu du Hellfest ont vu et Betraying the Martyrs et Merrimack, et apprécié souvent les deux, malgré le caractère mutuellement contradictoire de leur discours sur le christianisme, parce que ce n’était pas leurs idées qu’ils sont venus écouter, mais leur musique.

Si je dois définir ce que j’ai ressenti lors du Hellfest, et suite à celui-ci, en termes de discernement spirituel, je me réfèrerai au principe et fondement des Exercices Spirituels de Saint Ignace de Loyola:

« Principe et Fondement

L’homme est créé pour louer, respecter et servir Dieu notre Seigneur et par là sauver son âme, et les autres choses sur la face de la terre sont créées pour l’homme, et pour l’aider dans la poursuite de la fin pour laquelle il est créé.

D’où il suit que l’homme doit user de ces choses dans la mesure où elles l’aident pour sa fin et qu’il doit s’en dégager dans la mesure où elles sont, pour lui, un obstacle à cette fin.

Pour cela il est nécessaire de nous rendre indifférents à toutes les choses créées, en tout ce qui est laissé à la liberté de notre libre-arbitre et qui ne lui est pas défendu ; de telle manière que nous ne voulions pas, pour notre part, davantage la santé que la maladie, la richesse que la pauvreté, l’honneur que le déshonneur, une vie longue qu’une vie courte et ainsi de suite pour tout le reste, mais que nous désirions et choisissions uniquement ce qui nous conduit davantage à la fin pour laquelle nous sommes créés. » (Source: Province de France des Jésuites).

A relire mon expérience de ces trois jours, je ne les vois en eux-mêmes ni comme une « aide » à sauver mon âme, ni comme un « obstacle » à cette fin. Je rattacherais très nettement cette expérience à la proposition suivante: « en tout ce qui est laissé à la liberté de notre libre arbitre et qui ne lui est pas défendu ». Etant entendu que « se rendre indifférent » ne signifie pas nécessairement « renoncer » mais savoir prendre ses distances avec toute fascination excessive éventuelle qui engloutirait notre vie et notre liberté, je dirai qu’en tant que divertissement essentiellement, il ne me parait pas opportun de condamner le Hellfest dans sa globalité, mais d’appeler chacun à discerner au cas par ces sur son expérience.

Pour certains, il constituera une aide au salut: par tel concert dont la beauté ouvrira l’âme du festivalier à une certaine intuition de la transcendance divine, par telle amitié ou rencontre qui lui fera éprouver concrètement la charité…

Pour d’autres, il constituera un obstacle, du fait d’une fascination excessive pour tel ou tel aspect musical ou thématique de l’expérience qu’il propose, ou de l’abus de boisson, ou d’un désir de fuir le monde et sa réalité trop terne (éventuellement aussi telle expérience « occulte »).

Pour d’autres encore, ces aspects positifs et négatifes sont vécus de manière mêlée et il appartient alors à la conscience de les démêler prudemment.

Pour beaucoup je pense, il est pur divertissement, ni bon ni mauvais pour l’âme en soi: trois jours d’oubli du monde, eux-mêmes rapidement oubliés dans les soucis de la vie professionnell et familiale…

Mais à tel catholique qui s’inquiéterait de la juste attitude à prendre face au Hellfest, en cohérence avec notre foi, je ne dirai pas, sur la base de ma propre expérience,  qu’il s’agit d’approuver ni de condamner en bloc (d’autant que la lutte contre le Hellfest, si elle peut être une aide pour l’âme du fait d’une certaine expérience de l’Eglise, du rappel de son message, peut aussi devenir un obstacle, du fait des émotions obscures (colère, arrogance) qu’elle favorise et de l’obsession du « combat » décelable chez certains: mais chacun discerne en son âme et conscience), mais d’aller se faire sa propre opinion de visu, et de relire cette expérience, pour voir ce qu’elle a déposé dans son âme.

Pour ma part, en tant que catholique et métalleux, qui ai vécu en personne une après_midi et une soirée du Hellfest 2011, et la totalité du Hellfest 2012, j’appliquerai volontiers à la mise en cohérence de cette expérience à ma foi ce que nous dit aujourd’hui l’Eglise du carnaval, ancêtre autrement plus turbulant et réellement subversif des festivals de metal, et des festivals en général (le Hellfest ne précède pas le Carême, mais il annonce les congés d’été, qui peuvent être en partie pour certains, comme c’est le cas pour moi un temps de désert et de relecture):

« C’est un temps de divertissement, de réjouissance qui répond au besoin d’oublier les soucis de la vie de tous les jours avant la période austère du Carême. Il distrait l’individu de ses préoccupations et de son existence bien réglée. C’est actuellement le sens du carnaval. C’est le symbole même de la fête populaire.

Fête du péché, ou fête du pardon ?

Carnaval vient du latin carne vale, ce qui signifie « adieu à la chair ». Dès le milieu du deuxième siècle, les Romains ont observé une jeûne de 40 jours, qui est précédé par une courte saison de fêtes, costumes et réjouissances. C’est l’occasion pour les chrétiens de se rappeller avant quarante jours de pénitence que « ce n’est pas ce qui entre dans la bouche d’un homme qui le rend impur. Mais ce qui sort de sa bouche, voilà ce qui le rend impur. » (Matt 15, 16-17).

Ainsi, quand la langue française incite à flatter une dernière fois sa panse avec le Mardi Gras, celle de Shakespeare invite à se confesser juste avant le début du Carême avec le Shrove Tuesday (du verbe to shrive : confesser et absoudre). Alors, pourquoi ne pas aller se confesser pour bien finir Mardi Gras ?«  (Catholique.org).

Le Collectif Provoc Hellfest et Moby Dick

Posted in Hellfest with tags , , , , on 2 juillet 2011 by Darth Manu

Je délaisse momentanément la rédaction de mon billet en retard sur la « cathophobie » que j’ai promis lors du Hellfest aux Yeux Ouverts (pour il y a plus d’une semaine: je suis très en retard) et de celui sur le métal chrétien en réponse au billet récent du blog La maison du Père pour réagir à une interview absolument surréaliste et tout à fait désespérante, par son absence de remise en cause personnelle et sa partialité bordant sur la mauvaise foi,  du Collectif Provoc Hellfest sur Liberté Politique.

« La pétition que nous avons initiée a recueilli 5 000 signataires. Elle constitue une base de travail intéressante avec des contacts pour soutenir et intensifier l’action du Collectif à l’avenir. Notre action s’est traduite aussi par le retrait des logos des mécènes du site officiel du HellFest. Nous sommes maintenant des acteurs incontournables de la protestation, identifiés par les médias : plusieurs entretiens nous ont été demandés, dont un par France 4 dans le cadre d’une émission programmée sur l’été, et plusieurs médias ont rendu compte de notre action, comme La Croix ou Valeurs Actuelles. Par ailleurs, une association est en cours de constitution, qui appuiera de façon très intéressante et complémentaire notre action : nous pourrons en dire plus l’année prochaine. »

La pétition de cette année a recueilli 5000 signature, soit le cinquième de la capacité d’accueil quotidienne du Hellfest et 7 fois moins que le nombre de signatures recueillies par Catholiques en Campagne l’an dernier. Pas vraiment ma définition d’un succès mirobolant, d’autant plus qu’après pluseurs mois d’existence du Collectif et de sa pétition, Civitas, proche de Catholique en Campagne, a choisi de lancer sa propre pétition  sans citer celle du  Collectif, ce qui donne une image assez en demi-teinte de la cohésion des anti hellfest, et de la capacité de mobilisation du Collectif.

Par ailleurs, si l’article de Valeurs Actuelles est indiscutablement hostile au Hellfest, celui de La Croix est selon moi neutre et se borne à donner la parole à chacun des intervenants . Je  remarque aussi que de nombreux articles dans la presse ont ironisé sur les anti hellfest, ainsi dans Le Monde, Les Inrockuptibles, etc.

« A notre interpellation des groupes politiques du Conseil Régional, seul celui d’Europe Ecologie-Les Verts a répondu, pour indiquer son soutien au HellFest. A titre personnel, seule la conseillère régionale Sandra Bureau a pris la parole ; les autres, là encore, sont restés bien silencieux ! Nous notons tout de même des interventions du Parti Chrétien Démocrate. Alors, « qui ne dit mot consent », comme dit le proverbe. Nous osons pourtant espérer que les groupes s’affichant à droite, dans une région dominée par les socialistes, évoluent. Les échéances de 2012, c’est bientôt ! »

Effectivement les écologistes ont envoyé balader le Collectif, sur la base d’une argumentation juridique qui m’a paru cohérente. Par ailleurs un élu de gauche critiquait sur son blog la pétition il y a peu.

Je note que le Collectif qui s’est défini dès l’origine comme une association « apolitique » présente désormais sa campagne comme un combat « droite vs gauche ». C’est non seulement un aveu déguisé d’échec, au niveau mobilisation, mais un cadeau au Hellfest. Ca donne des raisons aux électeurs de la gauche, pas forcément amateurs de metal (parfois critiqué dans ce camp pour ses affinités supposées avec l’extrême droite) de le défendre, sans pour autant nécessairement mobiliser la droite, qui compte dans ses rangs pas mal de métalleux (ainsi un militant de l’UMP critiquait (antépénultième commentaire) en 2009 sur le site Pro hellfest l’initiative de Christian Vanneste d’attaquer publiquement le Festival).

« Il n’y a pas en effet que des groupes ouvertement christianophobes au HellFest : il y a aussi des groupes clairement satanistes, qui savent avancer masqués, tels que Therion (lire à ce sujet le témoignage très parlant du blogueur Pneumatis) qui se livrent sur scène à un vrai rituel démoniaque, ou comme Septic Flesh, dont le dernier album s’apparente à une messe noire. A voir le nombre de chrétiens fréquenter ce genre de « culture », il nous semble que la parole de l’Evêque se doit d’être forte et, à la manière de la veuve de l’Evangile, insistante. Nous saluons l’intervention du curé de Clisson, le père Henry, qui a dénoncé les excès du HellFest sans état d’âme, en intervenant dans son champ de compétence, celui de prêtre et de pasteur. »

Ce passage réussit le paradoxe de me faire sourire et hurler de rage à la fois (comme quoi le Collectif a plus d’affinité avec le black metal qu’il ne le croit, dans sa capacité inconsciente à susciter des émotions paradoxales 😉 ).

L’article de Pneumatis sur Thérion tout d’abord: cet article succède à un premier billet sur le Hellfest , auquel l’auteur a assisté en ma compagnie et en celle d’autres défenseurs du festivle, où il dit qu’à part Thérion, il a vécu cette expérience d’une manière finalement assez agréable, comme « un dimanche à la campagne », ce que lui reproche d’ailleurs en commentaire le blogueur Les Yeux Ouverts, étroitement associé à la démarche du Collectif.

Dans son troisième billet sur cette expérience, Pneumatis revient sur les récupérations anti Hellfest de son billet sur Therion. Il écrit notamment:

« Je voudrais te parler un peu de laïcité… et de cohérence. Ami chrétien, frère en religion, gaulois : tu as sans doute déjà entendu parler de ce précepte évangélique : la séparation du spirituel et du temporel. Au cas où le détail t’aurait échappé avec Therion, quand je parle de pratiques occultes, de magie, de voie de la main gauche, tout ça… c’est du domaine de la spiritualité. A aucun moment, dans les paroles de chansons ou la mise en scène, il n’est question d’agression envers les chrétiens, ou même envers qui que ce soit, pour ce que j’en ai vu. Même pas en grec.

Certes, pour nous chrétiens, l’occultisme c’est caca. Mais c’est du caca spirituel. Comment est-ce que, par Belenos et ses vaches à lait, tu as pu penser un seul instant qu’un combat spirituel se menait avec des armes politiques ??? Serais-tu prêt à nous inventer une pétition anti formules magiques ? Aurais-tu oublié un tout petit peu à quoi servent précisément les prêtres, la prière, les sacrements, et tout cet attirail livré clef en main avec ton baptême ?

Oui, il est de notoriété publique que Therion est lié à un ordre occulte, qui se retrouve sans doute pour autre chose que des réunions Tupperware. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est eux. Oui, c’est toujours bon à savoir, et oui, je peux comprendre que ça te fiche un peu les chocottes, à la limite. C’est normal, on entre dans le champ du combat spirituel. Mais merde, enfin : il y a 2000 ans, tu aurais appris ce que Jésus avait vécu au désert, les tentations, tout ça… tu aurais fait une pétition pour que l’empereur interdise les excursions dans le désert ? Que tu interpelles les pouvoirs politiques quand des groupes appellent à la haine d’autrui, très bien. Que tu trouves justifié de le faire juste parce que des musiciens font de la sorcellerie, tu me fais peur : avec toi, demain on revit le Pakistan, sauf qu’à la place d’Asia Bibi, on mettra Esmeralda au cachot en attendant de la brûler.

C’est finalement un autre point commun que vous avez, les extrémistes des deux camps : on dirait que les uns comme les autres vous êtes convaincus que l’Eglise a brûlé des sorcières en masse pendant 2000 ans. La seule différence, c’est que pour les premiers, ça vous fait une bonne raison de demander à l’Eglise de la boucler, tandis que pour les autres, c’était très bien comme ça. Et entre les deux, il y a l’Eglise, à des années lumières des fantasmes des deux bords qui ne cesse de répéter qu’on a besoin de d-i-a-l-o-g-u-e-r. Et elle a du boulot, parce qu’en plus d’avoir justement à sa charge le fameux combat spirituel(*), elle doit se coltiner les carences pathologiques en discernement de ses ouailles, et supporter toujours les mêmes préjugés depuis deux siècles et demi de la part des autres. Ouch, que ça fait du boulot, tout ça. »

Comment le Collectif, qui connait bien la démarche de Pneumatis, si différente de son slogan « l’ère du dialogue est révolu! », peut-il ainsi récupérer ce qui l’arrange dans son billet en taisant ce qui lui déplait davantage? C’est pour moi, sinon un mystère, du moins une déception. J’attendais du Collectif, non pas certes un plein accord avec mes positions, mais au moins un minimum d’honnêteté intellectuelle, quelque chose d’un peu plus élevé et digne que les récupérations du Salon Beige. S’il est vrai en effet que ce billet sur Therion m’a moi-même ébranlé, et que je m’en souviendrai lors de mes prochaines analyses sur le black metal, il ne peut servir en l’état à cautionner des initiatives de censures que son auteur a toujours combattues très explicitement!

Il est d’autant plus ironique que le collectif cite dans la même phrase le communiqué du curé de Clisson. Celui-ci semble certes approuver leur combat, mais « pourvu que ce soit toujours dans un esprit de justice, de vérité et de charité« . Est-ce que déformer la parole d’autrui pour créer l’impression d’ une unité de point de vue qui n’existe pas répond à de tels prérequis? Pour ma part je ne le pense pas…

« Nous nous sommes en effet rendus sur place pour rencontrer des métalleux, des médias et des Clissonnais. La belle unanimité est loin d’être aussi évidente que les médias l’écrivent. Par ailleurs, nous avons noté que cette fiesta de l’enfer s’est traduite par 20 évacuations sanitaires dont 2 pour coma éthylique lourd. Il faut dire que la consommation d’alcool a atteint des records cette année, tant en muscadet (8500 litres) qu’en bière (100 000 litres) !

Cocaïne, cannabis, kétamine circulent aussi en quantité. Il y a eu 52 interpellations pour détention de stupéfiants ou de drogues dures, plusieurs gardes à vue pour violence en réunion. Notons enfin que l’irrespect édifié en droit absolu a permis la tenue d’un concert à 11h sous les halles de Clisson, au moment de la messe dominicale, et que sur les pass destinés aux riverains non festivaliers, figurait une croix renversée, une de plus. »

J’y étais également, et c’était beaucoup plus bon enfant que ne le suggère le Collectif, même s’il est vrai que cela picolait pas mal. Quand aux chiffres sur les interpellations et les gardes à vues, ils n’ont de sens que rapportés à une comparaison rigoureuse et étayée avec les statistiques dans ce domaine d’autres rassemblements populaires, ce que le Collectif se garde pour l’instant bien de faire. J’ai vu de mes yeux des policiers discuter avec un métalleux ivre devant la gare d Clisson à 5 h du matin, et ils semblaient beaucoup plus sereins et amusés que la plupart des fois que j’ai vu intervenir la police. Pas l’attitude en tout cas de professionnels habitués à débusqué au Hellfest des délinquants de la pire espèce. Par ailleurs, la consommation de drogue  si inquiétante soit-elle, on en trouve même des occurrences au Frat de Lourdes (cannabis essentiellement, pour ce que j’en sais) : doit-on interdire le Frat de Lourdes? Il ne suffit pas en effet de dire que quelques festivaliers prennent de la drogue ou provoquent des débordement, mais il faut démontrer que le Hellfest suscite davantage ce type de comportements que d’autres rassemblements de taille comparable.

« C’est désormais le rôle du Collectif que d’envisager les fondements de celle-ci, sachant qu’en l’état actuel du droit, le blasphème ou les propos christianophobes ne sont pas considérés comme des délits. Il faut ici dénoncer le « 2 poids, 2 mesures » législatif et juridique. Il a suffit que la Fédération des déportés et internés de France écrive au maire et au Préfet pour leur signaler la présence d’Anal Cunt au HellFest et le titre de sa chanson pour qu’il soit déprogrammé. Quant aux chrétiens, il semble qu’ils doivent attendre un incident grave et antichrétien en relation directe avec le HellFest, sur place ou a posteriori, pour que les pouvoirs publics agissent. »

Traduction pour les non bilingues en « Langue de bois-Français »: le Collectif n’est pas sûr qu’un procès contre le Hellfest puisse aboutir de manière satisfaisante, ce qui signifie que suivant le droit français sous sa forme acuelle, l’appel à la haine et à la discrimination contre les chrétiens, la « christianophobie » en somme, du Hellfest est loin d’être constitué,  du point de vue même du Collectif.

«  La prise de conscience progresse« : Tout à fait d’accord: seulement 5000 signatures cette année pour la pétition du Collectif: les points de vue se nuancent et de plus en plus de personnes des deux côtés désirent le dialogue…

 » Puisque vous êtes déterminés à poursuivre votre action, que prévoyez-vous pour l’an prochain ?

Plein de projets ! « 

Et bien comme ça on va se revoir. A bientôt donc! 🙂

Plus sérieusement, je reconnais que mon analyse de l’interview du Collectif par Liberté Politique a une tonalité assez sarcastique qui tranche elle-même un peu avec mes appels aux dialogues. C’est parce que sa démarche me désespère. C’est à la fois un refus explicite du dialogue (alors que de plus en plus de métalleux semblent y être ouverts) et pourtant pas quelque chose d’aussi détestable que les arrières pensées politiques d’organismes tels que Civitas… Ca me donne plutôt l’impression d’une croisade personnelle: Les Yeux Ouverts contre Ben Barbaud, le Collectif contre le Hellfest, Capitaine Achab contre Moby Dick. Une vision très romantique de la lutte du Bien contre le Mal semble animer la démarche de cette association:

« Quand le fric et le pouvoir manifestent à ce point ce type de connivence, collusion et abandon, il semblerait, à première vue, que la morale et l’éthique, en la circonstance, aient déserté le coeur et l’esprit. Si la culture est ce qui contribue à rendre l’homme plus humain, comment qualifier en effet  autrement la contre culture dont se réclame le hellfest que de décadence ? »

 Mais l’histoire est heureusement là pour nous montrer que rien n’est écrit par avance, qu’il n’y a de « sens de l’histoire » que pour les manipulateurs et/ou idéologues et qu’enfin l’annonce et le service de la vérité, pour peu que nous y mettions de la détermination, ne peuvent que porter du fruit en abondance. »
Rappelons toutefois au Collectif que la lutte obsessionnelle d’Achab contre Moby Dick le conduit à la solitude, la haine et la mort. Obsédé qu’il est par la lutte contre le démon qu’il perçoit, il devient aveugle à celui qui est invisible et qui corrompt lentement son coeur. Et de même, le Collectif commence à détourner des témoignages, présenter des articles neutrs comme lui étant favorables, faire feu de tout bois en ressortant des articles datant d’années passées ou chicanant sur les questions de sécurité du festival ou d’audience réelle, alors qu’il est certain que le Hellfest remplit intégralement et de plus en plus tôt chaque année sa capacité d’accueil maximale. Ce refus du dialogue place les membres du Collectif en porte à faux par rapport à des chrétiens comme moi ou Pneumatis, voire par rapport à certains métalleux « ouverts » comme « Marie du Hellfest »,  qui seraient tout à  fait près à poser la question des paroles ou des effets sur l’auditeur néfastes  de certains groupes, à condition que cela passe par l’échange respectueux et nuancé et non par la contrainte et la condamnation sans connaissance réelle du sujet.
La démarche sans nuance et hors de tout bon sens du Collectif ne mettra sans doute pas le Hellfest en danger, mais peut-être l’âme de ses membres. Puissent-ils discerner davantage, et méditer le texte suivant:
« Un second degré de lecture, nous montre ainsi que la lutte entre Achab et Moby Dick symbolise celle du bien contre le mal, or comme nous l’avons vu précédemment, les rapports peuvent s’inverser selon le point de vue soit du capitaine soit du cachalot. En outre, le capitaine est obsédé par Moby Dick pas seulement à cause de la renommée qu’il pourrait avoir mais aussi parce qu’il veut se venger de l’animal. cette même vengeance fera qu’il mourra accidentellement dans le roman. ainsi l’orgueil du capitaine, qui fut blessé quand Moby Dick lui prit la jambe, et sa quête de vengeance l’ont mené à sa perte. C’est donc métaphoriquement parlant non seulement la lutte contre le Bien et le Mal mais aussi la condamnation de l’orgueil et de la vengeance qui y est fait. »
Dans la façon qu’a le Collectif de prétendre avoir raison, contre les festivaliers, les universitaires (N Walzer par exemple), les cathos qui ont une expérience véritable du metal (R Culat), doit-on lire l’expression d’un discernement plus abouti, d’une vision supérieure de la distinction du bien et du mal, ou tout simplement l’alliance de préjugés contre une musique et une communauté mal connues à l’orgueil d’être le petit contre le grand, David contre Goliath, le héros des temps modernes qui résiste quasiment seul contre le dragon (ou la baleine) « christianophobe »?