Archive pour avril, 2011

Christianisme et métal: témoigner de notre joie plutôt que de notre peur, des deux côtés…

Posted in Hellfest with tags , , , , , , , , , , , on 26 avril 2011 by Darth Manu

Comme je le montrais dans mes précédents billets, tant les opposants au Hellfest que ses organisateurs semblent estimer que « le temps du dialogue est révolu » et que l’heure est aux rapports de force et aux pressions, que celles-ci s’exercent au travers de pétitions ou de courriers à des responsables politiques, des sponsors ou des hébergeurs de blogs.

J’ai abondamment montré dans mes précédents billets pourquoi j’estime que les catholiques hostiles au Hellfest ont tort de choisir cette voie plutôt que celle peut-être moins exaltante et de plus longue haleine mais plus juste et fructueuse du dialogue.

J’aimerais exposer dans cet article les raisons pour lesquels je pense que certaines des inquiétudes exprimées par des sites tels que Les Yeux Ouverts et autres  ne sont pas toutes dépourvues de légitimité, et qu’il y a aussi une ouverture qui doit s’opérer côté métalleux.

Comme chacun sait, le catholicisme est en recul en France, même si la prise de conscience de ce fait conduit à une mobilisation plus importante des fidèles dans la vie publique, et à un dynamisme renouvelé (http://www.koztoujours.fr/?p=12047).

On a bien sûr le droit de  désapprouver l’enseignement de l’Eglise, ou certains aspects de son histoire, et de se féliciter de ce que le catholicisme soit en train de devenir une minorité (une grosse et influente minorité cela dit). Mais si ce qui est souvent reproché aux chrétiens (à mon avis de façon exagérée) est d’avoir favorisé des situations d’exclusion (des femmes, des homosexuels, des minorités religieuses…), il me semble que c’est une bonne raison pour veiller à ne pas devenir soi-même celui qui exclut.

Je voudrais témoigner à ce sujet d’une expérience qui m’a profondément marqué: l’an dernier, j’accompagnais un groupe de lycéens à Lourdes, dans le cadre du FRAT, un pélerinage qui rassemble tous les deux ans en ce lieu l’ensemble des aumôneries catholiques de lycées d’Ile de France. Parmi les activités au programme, il y avait quatre temps de « carrefour », c’est-à-dire des moments d’échange en petits groupe autour de la manière dont chaque jeune abordait et vivait sa foi. Chaque animateur accompagnait dans cette démarche un groupe de jeunes qu’il ne connaissait pas. Lors des deux premiers carrefours, mon groupe semblait plus intéressé par les rigolades entre amis que de parler de la foi chrétienne. Le troisième carrefour fut l’occasion pour certains de pointer tel ou tel moment de célébration ou de prière qui l’avait touché. Lors du quatrième carrefour, j’étais assez crevé, et comme c’était presque la fin du séjour, j’ai rassemblé mon groupe autour de sodas dans un café. Lors du bilan, les lycéens m’ont dit que ce qu’ils avaient apprécié dans le FRAT, s’était de se retrouver en tre amis, mais plus encore, entre amis chrétiens, et de pouvoir discuter de leur foi ensemble. Parce qu’à l’école, dans la vie de tous les jours, ils n’osent pas, parce qu’ils ont peur des moqueries de leurs camarades, ou de l’agressivité de ceux pour qui le catholicisme se réduit à l’Inquisition et aux affaires de pédophilie.

Mais le catholicisme, j’en fais l’expérience chaque jour, ne se réduit pas à ça. Pour beaucoup de catholiques, au travers des célébrations, des retraites, des activités en paroisse ou en milieu associatif, ou encore de la prière personnelle, la foi chrétienne est ce qui apporte de la beauté et du sens à leur vie, d’une manière qui n’est pas si différente de celle dont beaucoup de métalleux donnent une saveur à leur vie par le moyen de la création musicale.

Go^tons ensemble par exemple ce témoignage (parce que la spiritualité chrétienne au quotidien, c’est bien plus une affaire de goûter la vie d’une manière plus savoureusequ’avant que de s’enfermer dans le carcan de dogmes rigides):

« D’origine catholique, ayant reçu une éducation religieuse « classique » j’ai toujours été en contact avec une certaine foi en Dieu, dans ma famille, à l’école. Mais à l’adolescence, une recherche plus cartésienne m’a fait rejeter la foi que je considérais comme « naïve ». Cependant, trop de questions existentielles restaient sans réponse.

Vers 20 ans j’ai rencontré une chrétienne. C’est devenu une amie. Elle m’a témoigné d’une foi vécue authentiquement, de manière simple mais vraie et m’a enseigné certaines bases. A son contact, j’ai commencé à voir Dieu et la foi autrement, plus réelle et plus vraie. Un jour, lors d’un week-end de jeunes chrétiens, ouvert à tous, il y a eu un temps fort : après le culte, je me suis senti très remué. Grâce à un temps de prière de mon amie à mes cotés, dans un esprit d’abandon intérieur j’ai demandé à Dieu de me donner de la joie de vivre.

Et quelque-chose s’est passé : comme un souffle m’a traversé de haut en bas. La sensation que de la boue était tombée de tout mon corps à mes pieds. Et une paix immense, que je n’avais jamais ressentie auparavant, m’a envahi. Une paix si douce, si parfaite, que j’ai su et reconnu que Dieu était là et m’avait délivré de mon angoisse, de ma tristesse et de ma noirceur intérieure.

Plus tard, j’ai commencé à lire la Bible tous les jours, je priais le soir. Mais en fait, je n’avais pas encore compris grand chose et je n’étais pas prêt à suivre l’exemple de Jésus. Je me suis remis à errer dans la vie, me sentant condamné à une vie médiocre malgré mes efforts pour m’en sortir. Peur du lendemain, lutte, difficultés, échecs. 5 ans se sont écoulés. Pourtant, durant tout ce temps, même seul avec ma rébellion et ma vie creuse, je sentais toujours qu’une petite flamme était allumée au fond de moi, comme une bougie qui éclaire la nuit même dans les pires tempêtes. Une flamme que je savais être une présence de Dieu (sans trop comprendre comment). Une lueur qui ne me quittait plus et qui me redonnait de l’espérance. Oui déjà, quelque-chose avait changé et je le savais. Mais mes soucis d’argent et ma crainte de l’échec matériel me tenaillaient et me bloquaient, comme un dernier obstacle pour dire « oui » à Dieu.
 
5 ans après ce souffle divin qui m’avait envahi, il y a eu une nouvelle rencontre : celle d’un jeune couple de missionnaires de passage en France et qui m’ont invité à venir les voir pendant l’été. Le témoignage du missionnaire m’a parlé précisément sur ce qui me préoccupait le plus : les soucis d’argent et la vie difficile. Il avait vécu l’intervention de Dieu si précisément qu’il m’a convaincu que même dans ce domaine si terre à terre, Dieu n’était pas sourd et muet et surtout qu’Il pouvait intervenir et m’aider à régler ce qu’il convenait de régler pour assainir la situation. Ce témoignage fut capital pour débloquer mon esprit et mes doutes.

Dès la rentrée de septembre, j’ai commencé à aller à l’église. L’accueil remarquable de certains et ma rapide intégration dans un groupe de quartier ont très vite été une source merveilleuse de connaissance et de progrès. J’ai compris les fondements de la foi chrétienne. Et j’ai vécu les pleurs de repentance, la joie de me savoir pardonné, sauvé. Une grande soif de savoir et d’étudier la Bible a trouvé des réponses dans cette église. Grâce aux enseignements, grâce à Dieu surtout, ma vie intérieure a changé. Dieu m’a donné la foi, comme une vie à cultiver avec Lui. Par Sa parole et toutes les réalités de la vie, Dieu se révèle, fidèle, patient, respectueux et juste. Il me donne de comprendre peu à peu la profondeur de Son amour pour moi et Il m’offre de goûter à la réalité heureuse de fonder, jour après jour, ma foi en Lui » (témoignage de Michel, sur le site atoi2voir.com).

Ce que je retiens personnellement de ce témoignage, c’est que la foi ne nait pas d’une simple adhésion intellectuelle à l’enseignement de l’Eglise, ou d’une croyance abstraite et désincarnée en Dieu, mais d’une rencontre. Chacun d’entre nous catholique pratiquant, par un évènement de notre vie, le témoignage d’un proche, une parole entendue, un rassemblement qui nous a touché, que sais-je encore, nous avons eu l’impression de toucher du doigt l’Amour de Dieu, de le rencontrer personnellement. C’est-à-dire que nous avons ressenti un bonheur, une profondeur d’être, plus intense et d’une certaine manière réelle que ce que nous avions connu jusque là, et cela a été suffisant pour nous convertir, vouloir changer notrevie pour la tourner autant que possible vers cette joie nouvelle qui nous est apparue. Bien sûr, nous avons tendance à oublier cette joie, et notre discernement n’est pas toujours à la hauteur de nos nobles intentions: c’est l’expérience du péché, c’est-à-dire de la contradiction en tre nos limites et notre désir de nous conformer à la perfection divine. La prière et la fraquentation des sacrements sont là, non pour rajouter des règles ennuyeuses à notre vie, mais pour ne pas oublier, pour revenir à cette joie originelle fondatrice de notre foi.

Deux autres témoignages peuvent vous permettre de comprendre comment « fonctionne » de l’intérieur un catholique:

Le récit par Pneumatis, qui a beaucoup fait pour apaiser la polémique autour du Hellfest, de sa conversion: http://pneumatis.over-blog.com/article-ma-conversion-1-59924088.html

Cette très belle prière de la blogueuse catholique Zabou: http://www.zabou-the-terrible.fr/post/2011/04/22/Jeudi-Saint-2011

Moi-même, si j’ai eu une éducation catholique, j’ai tout lâché après le lycée, j’ai été sympathisant d’organisations d’extrême-gauche, j’ai été très près à un moment de devenir sataniste, et mes jeux de ^role favoris quand j’étais étudiant (pour ceux qui connaissent) étaient INS/MV et Kult. C’est dire! et si je suis revenu au christianisme à 27 ans, ce n’est pas du fait de la pression sociale (mes soeurs et beaucoup de mes amis sont athées, et mes parents ne pratiquent pas), mais tout simplement parce que j’ai rencontré, dans des livres ou dans ma vie quotidienne, des témoignages de personnes qui ont été rendues heureuses par leur rencontre avec Jésus Christ, et que j’ai eu envie de connaitre à mon tour ce bonheur apporté par la foi.

Beaucoup d’entre vous se demandent comment faire le lien entre ces belles expériences et les abus des antiHellfest.

Pour moi la réponse est simple: les antiHellfest sont des gens qui ont trouvé le bonheur grâce à leur foi en le Christ Sauveur, et qui voient cette foi remise en cause par les paroles de certains groupes. Alors ils ont peur, de la défiance de plus en plus grande de beaucoup envers le christianisme, mais surtout que leur bonheur soit remis en question, qu’ils en soient privés. Et ils attaquent ce qui semblent être une souce de danger pour leur bonheur, le Hellfest.

De même que certains métalleux trouvent leur plus grande joie dans leur musique, et vivent les attaques récurrente des organisations chrétiennes contre le métal tout au long de son histoire comme une agression et une remise en cause de cette joie. Et à leur tour ils cherchent à se libérer du sentiment d’^tre agressés, de la peur d’être une victime, en attaquant le christianisme dans les paroles de leurs chansons et la mise en scène de leurs concerts.

Les antiHellfest attaquent le festival parce qu’ils y voient le symptôme d’une « christianophobie » grandissante, du danger pour les catholiques de ne plus pouvoir exercer un jour leur foi librement, de ne plus être libre d’exprimer leur joie, qui se trouve dans l’annonce de l’Evangile et la vie selon ses enseignements.

Et les métalleux, face à des succès relatifs mais réels de ces antiHellfest, comme le retrait de Coca-Cola du sponsoring du festival en 2009 suite à la campgne d’E-Deo, ou de l’annulation d’Anal Cunt en 2011 suite aux démarches du blog Les Yeux Ouverts, ont en retour peur pour l’avenir de leur festival, le plus grand en France concernant le métal. Et c’est pourquoi ils font parfois le choix de refuser le dialogue, que ce soient les modérateurs de certains forums qui verrouillent systématiquement les sujets liés à cette polémique, ou encore les organisateurs qui ont choisi la semaine dernière d’exercer des pressions sur les hébergeurs des sites antiHellfest.

Cessons d’opposer notre bonheur à celui de l’autre. Plutôt que de dévaloriser la démarche de notre adversaire, cherchons plutôt à lui montrer, comme certains ont déjà essayé de le faire des deux côtés, tout ce que notre engagement, dans le métal ou l’Eglise (ou les deux comme c’est mon cas), a apporté de Beau à notre vie, et tenons nous prêts également à nous laisser étonner par notre adversaire, disposons notre coeur de manière à lui communiquer notre joie plutôt que notre peur (y compris dans les paroles de nos chansons: on peut faire de la bonne musique sans blesser personne, même à mon avis dans le BM), et à nous laisser toucher par sa propre joie plutôt que par sa propre peur. Il ne s’agit pas de forcer l’autre à changer d’avis, mais de témoigner, dans la confiance et non dans le repli ou dans la haine, de ce qui nous rend heureux dans nos choix, tout en accueillant le témoignage de l’autre, sans dénigrer ce que son parcours a de différent.

Hellfest: rengainons l’épée et commençons à témoigner plutôt que de juger!

Posted in Hellfest with tags , , , , , , , on 22 avril 2011 by Darth Manu

Les organisateurs du Hellfest semblent perdre patience:

« Reçu ce vendredi Saint…ou quand notre action dérange !

Messieurs,

Las de vos sempiternels même reproches, nous avons décidé nous aussi de  dénoncer votre manque criant de discernement en ce qui concerne notre  manifestation HELLFEST.
Vos amalgames et différents préjugés ne peuvent continuer à venir salir  l’image d’un événement salué par tous (collectivités publique, habitants  de Clisson, Préfecture de Loire Atlantique…) et ou AUCUN incident  n’est jamais survenu.  Vous vous efforcez à colporter des éléments sortis de leur contexte et qui ne représentent en rien la véritable nature de cette manifestation,  ou plusieurs dizaine de milliers de personnes partagent un moment convivial et amical, qui sont à ma connaissance des valeurs que vous défendez.  Dès lors nous avons nous aussi décidé de passer à l’action et de tout  faire pour contrer vos méthodes dignes d’un autre temps.
Dans un premier temps, vous trouverez ci-joint le courrier qui vient  d’être envoyé à votre hébergeur, qui je suis sûr ne restera pas sans  réponse. Ensuite dans un second temps nous allons sans plus tarder communiquer et informer nos festivaliers de l’existence de vos différents blogs afin qu’ils puissent eux aussi vous exprimer leur  exaspération et leur mécontentement. Nul doute que votre compte messagerie risque d’exploser…
Au vu de la manière dont les choses se sont déroulées, avec la conclusion que l’on connait, à Avignon ces derniers jours, il serait  présomptueux de penser que vos pressions vous mènerons à vos fins… Pas sûr que l’opinion publique, nos différents partenaires privés, les différentes collectivités publiques, ainsi que les médias prennent le  choix de vous suivre dans cette « croisade », qui, si elle continue, n’aura servie qu’à une chose…creuser les fossés d’incompréhension et  attiser la haine entre communautés (Catholique et Metalleux). Hors à la  lecture de vos pamphlets, il semble que ce soit ce contre quoi vous vous battiez…
Cordialement
Mr Barbaud Benjamin Président de l’association HELLFEST PRODUCTIONS; » (Source: Collectif pour un festival respectueux de tous).

Je ne crois pas personnellement que Ben Barbaud ou ses avocats aient spécifiiquement ciblé le Vendredi Saint: leur courrier exprime clairement qu’ils s’ttaquent aux accusations abusives et sans fondements du collectif, et non au christianisme dans son ensemble. Encore le réflexe de victimisation des anti-Hellfest à l’oeuvre.  Je regrette néanmoins cette démarche de la part des organisateurs du festival, qui reproduit l’erreur des antiHellfest en sens inverse: on ne change pas les coeurs et les préjugés sous la contrainte…

Par contre cela montre à mon avis deux choses:

-Le type d’actions menées jusqu’ici par les anti-Hellfest ne débouche sur aucune amélioration de l’image de l’Eglise dans l’opinion, n’incite nullement les métalleux à respecter davantage notre foi, mais au contraire les braque et les incite à répondre eux-mêmes par la polémiique et le recours à la justice.

-La débacle du Piss Christ, qui est issue du même type d’application sans discernement de cette méthodologie de la « riposte », fait que les organisateurs du Hellfest, comme ceux de l’exposition d’Avignon d’ailleurs, sont maintenant en position de force dans ce type de polémiques, tant devant l’opinion que les tribunaux.

Quel succès pour toutes ces associations qui ne cessent d’inciter à la fin du dialogue et à la confrontation! Bravo! Une fois de plus l’évangélisation avance à grands pas! Deux ans que cette polémique a une ampleur nationale, et tout ça pour ça!

Plus sérieusement il devient urgent d’en finir avec toutes ces campagnes conflictuelles contre le Hellfest, afin de poser les conditions d’existence d’un débat serein, qui donne enfin un témoignage authentique de ce qu’est suivre le Christ, et qui donne envie de se mettre à sa suite, au lieu de rebuter et de nourrir les préjugés contre l’Eglise

En tout cas, voilà qui nous donne l’occasion de méditer la liturgie du jour:

« Alors Simon-Pierre, qui avait une épée, la tira du fourreau ; il frappa le serviteur du grand prêtre et lui coupa l’oreille droite. Le nom de ce serviteur était Malcus. Jésus dit à Pierre : +. Remets ton épée au fourreau. Est-ce que je vais refuser la coupe que le Père m’a donnée à boire ? »

Mettons à profit ce Vendredi Saint pour méditer à notre profit cette leçon donnée aux anti-Hellfest: le Christ ne désire pas être défendu par l’épée, mais par l’annonce patiente de l’Evangile, à temps et à contre-temps, et qui s’appuie sur l’exemple donné par notre propre recherche personnelle de la sainteté.

A propos de la pétition « Provocs Hellfest, ça suffit » 2/2

Posted in Hellfest with tags , , , , , , , , on 20 avril 2011 by Darth Manu

Je tiens en premier lieu à présenter à tous mes excuses pour le retard de cette seconde partie de mon billet sur le Hellfest, et plus particulièrement à mon confrère blogueur Les Yeux ouverts, qui attendait la publication de cette suite pour me répondre.

Cela dit:

2) Les demandes de la pétition:

« L’examen approfondi des groupes et des chansons de ceux-ci et à la non programmation de tout groupe et/ou chanson incitant à la haine contre quelque communauté que ce soit »:

OK là dessus, àla réserve près qu’inciter à la haine, ce n’est pas la même chose que critiquer ou qu’exprimer une aversion pour, comme je le montrais dans la première partie de mon billet.

A noter qu’historiquement, l’interdiction pure et simple de groupes de métal a généralement des incidences très faibles sur leur popularité, quand elle n’est pas récupérée purement et simplement à des fins publicitaires par leurs promoteurs:

Dans le cas par exemple du groupe de death metal Cannibal Corpse:

« Cannibal Corpse est considéré comme l’un des groupes phares du brutal death metal, bien que leur renommée vienne plus de leurs ventes, de leurs pochettes ultra-gores et de la polémique qu’il suscite un peu partout. Le groupe est notamment interdit en Corée, en Australie et en Nouvelle-Zélande. En Allemagne les chansons des trois premiers albums du groupe sont interdites de concerts et les compilations contenant ces chansons sont tout simplement supprimées, ainsi que les pochettes de tous leurs albums. Malgré cela, Cannibal Corpse est un des seuls groupes de death metal a être rentré au billboard américain… » (MetalOrgie).

Quels ont été les résultats concrets de leur interdiction dans ces différents pays?

« Stemming from that, what are your views on censorship in general today?
Paul: Well it sucks. Censorship, it’s not good. It shouldn’t be there, it’s just one of those things, if you don’t like it, you don’t have to look at it, you don’t have to buy it. If you’re brought up right it all comes down to the parents. It’s also on the other hand something we know that we can’t let bother us. We know it’s going to be there, and if we sit there and try and fight it, there’s really no point to waste time on it. Worry about what we do is obviously what we’ve been doing. We had those problems in Germany for years. The first three records are banned, we can’t play songs off the first three CDs and everything. That didn’t make us think, hmm we aren’t going to go there then, or what do we do now, we just find a way to work around it. You’re not stopping us, we won’t play songs from the first 3 CDs then, we’re still playing, making CDs, fans are coming. You know, so you just take it in stride and work around it. It’s a lot better now. Last tour we did in Europe we were allowed to play the songs. I don’t know what happened, whether it’s a statute of limitations or they just don’t care anymore or something. But now we’re allowed to go and play the songs. So we just stuck to it. Stuck to what we’ve done, don’t play some songs, and now we’re able to. So yeah, you just can’t let it bother you. It’s unfortunate that it exists. What can you do? I guess, just do your thing and work around it. » (puregrainaudio).

« On vous a interdit de jouer des chansons des trois premiers albums en Allemagne mais cette interdiction s’est éventuellement expirée et vous avez pu jouer de ces chansons lors de votre passage au Wacken… comment étaient les réactions?

  Pat O’Brien :: Cannibal Corpse
R C’était vraiment dément. Les fans de Cannibal Corpse là-bas veulent entendre Hammer Smashed Face depuis toujours! La dernière fois que nous avons joué au Wacken, nous avons pu le faire alors les réactions s’en sont suivies! Ces gens ne veulent pas que le gouvernement choisisse pour eux quoi écouter. Ils ne veulent pas de censure. C’est ridicule tout cela… Pendant des années, nous allions jouer dans des petits bars ou des petites salles et nous devions signer des papiers comme quoi aucun titre des trois premiers albums ne serait joué. De temps en temps, nous en échappions une sans faire trop exprès (rires) et, je te le jure, les exécutifs de la compagnie de disques en Allemagne en entendaient parler le lendemain. De temps en temps, un gars aucunement subtil s’approchait de nous en nous demandant si nous avions joué Hammer Smashed Face à Leipzig, par exemple. Évidemment, si nous avions joué une chanson des trois premiers albums dans un contexte comme un festival ou quelque chose du genre, nous aurions tous étés arrêtés. Il arrivait très fréquemment que des officiers de police se pointaient à nos spectacles avec une expression de « Que diable fais-je ici » au visage, alors que nous étions en train de jouer. Comment veux-tu qu’ils sachent la différence entre Hammer Smashed Face et Fucked With a Knife? Et ne me laisse pas te parler d’à quel point je trouve cela aberrant d’avoir dit cela moi-même… penses-y, nous pouvions jouer Fucked With a Knife, mais pas question de jouer Hammer Smashed Face…
  Fred Laroche :: CDM
Q J’ai décidément du mal à imaginer qu’ils puissent différencier les chansons des 3 premiers albums des autres chansons…

  Pat O’Brien :: Cannibal Corpse

R

Pfff… bien sur qu’ils ne sont pas capables! Voyons! A moins que l’un d’eux soit un fan de notre musique en secret… De toute façon, ils l’ont dans le cul aujourd’hui puisque cette censure a fait en sorte que les fans ont voulu entendre les chansons encore plus. Ça a fait en sorte que les fans étaient encore plus intéressés à acheter ces albums puisqu’ils étaient difficiles à trouver et qu’ils étaient en fait des items de collection. » (Capitale du Metal)

Non seulement les résultats concrets de la censure sont généralement très discutables (publicité paradoxale, contournement des décisions de justice éventuelles, piratage) mais ils passent complètement à côté du problème très légitime auquel celle-ci vise à répondre. Non seulement en effet la plupart des fans de metal les plus hostiles au christianisme ne se sentent pas particulièrement poussés à se remettre en cause, mais ils se braquent et tirent de ce type d’action la confirmation de leur vision des chrétiens comme bornés et intolérants: ou comment le repli communautaire des deux côtés tue le dialogue et ne fait qu’alimenter la popularité et l’argumentation des groupes les plus hostiles au christianisme.

Le refus de mettre en avant et/ou de proposer à la vente tout support de quelque forme que ce soit et incitant à la haine contre quelque communauté que ce soit »

Reprenons l’exemple de Cannibal Corpse:

« As of October 23, 1996, the sale of any Cannibal Corpse audio recording then available was banned in Australia and all copies of such had been removed from music shops. At the time, the Australian Recording Industry Association and the Australian Music Retailers Association were implementing a system for identifying potentially offensive records, known as the « labelling code of practice. »

As a result, until April 1, 2006, only one Cannibal Corpse album, Gallery of Suicide, was listed in even the most explicit class of records allowed to be sold in Australia, and even that one disappeared from all legal classification after 2001. Thus, from at least April 1, 2003 to March 31, 2006, it was illegal for Australian music retailers to sell any audio recording produced by Cannibal Corpse. However, from April 1, 2006 to March 31, 2007, it became legal to sell all ten of the studio albums that the band had recorded by them, as well as the live album Live Cannibalism, the boxed set 15 Year Killing Spree, the EP Worm Infested, and the single « Hammer Smashed Face. » » (Corpseclothing).

La censure, comme souvent (cf. par exemple le destin du Comic Code Authority aux Etats-Unis, ou de la censure cinématographique en France), n’a duré qu’un temps. A-t-elle réduit le succès de Cannibal Corpse? Non. A-t-elle incité le groupe a adoucir les textes de ces morceaux? Non. A-t-elle suscité une prise de conscience dans le milieu du métal sur le contenu des paroles? Non. A-t-elle contribué à l’essort de la christianophobie chez une partie des métalleux? Manifestement oui, si j’en crois les réactions sur les sites de metal à chaque occurrence de ce type de censure.

En effet, la censure n’est pas efficace contre le metal pour la raison suivante: le métal y a été confronté tout au long de son histoire, et la plupart de ses courants les plus extrêmes se sont définis et ont trouvé leur audience en réaction à ses exigences:

« Un autre point, sur lequel nous avons déjà quelque peu discuté précédemment, a également contribué à la solidarité du milieu: nous faisons ici allusion à l’union du milieu Metal contre la censure. Contre le PRMC (cf. supra), contre les opprobres faites u Metal par certaines associations religieuses ou parentales, le Metal s’est retrouvé d’autant plus soudé au sein de la micro-famille qu’il forme. Il est pourtant à noter que ses réponses aux diverses accusations furent souvent de minces stratégies de défense, le Metal ne reniant pas son côté ostentatoire et parfois amoral. A cela notre question précédente refait surface: la liberté de tout dire que nombreux de ses protagonistes s’octroient peut-elle coexister avec le système en vigueur et ses valeurs? Nous ne pouvons donner présentement une réponse claire à cette question. Néanmoins ces deux facteurs-statut de paria, censure- que nous venons d’évoquer permettent de mieux saisir la force unitaire dans laquelle le Metal s’est formé. En cela les acteurs du milieu Metal s’avèrent engagés et solidaires, attributs qu’ils expriment au travers de leur distinction sociale-visuelles ou autres-, au travers de leur connaissance partagée du genre et qui circule par une médiation passionnelle, mais surtout par une forme de rebellion qui consiste à aller contre le courant principal (en anglais: le mainstream), contre le socialement ou le politiquement correct, ou d’une manière générale à se tourner vers ce qui leur semble le plus proche de l’authenticité » (Le Metal: étude d’un genre ambigu, extrême, protéiforme, mémoire de DEA par David Moussion, sous la direction de Jean-Paul Olive, PU à l’Université Paris VIII, p. 47).

Le métal est né de la confrontation à la censure, et en chercher les failles est l’une des raisons d’être de ses variantes les plus extrêmes, comme le grindcore, le death ou le BM. Comment croire que ce qui a suscité initialement ces provocations va parvenir à les museler sur le long terme? Le blogueur hostile au Hellfest Les Yeux Ouverts s’est plaint récemment du communautarisme des métalleux (dans une interview accordée au site Liberté Politique) , mais il ne semble pas se rendre compte que celui-ci est né historiquement d’une réaction contre la censure mainte fois exercée et dès l’origine du genre sur certains groupes de métal, et qu’en appelant lui-même à la censure du festival, il ne fait que l’alimenter et confirmer la raison d’être de groupes tels Belphégor ou Mayhem. C’est en montrant que nous sommes capable de dialoguer et de nous remettre en cause que nous infirmerons l’idéologie de ces groupes, et non en répétant à l’infini les maladresses qui les ont fait naître et leur ont donné leur popularité.

« La non promotion sous quelque forme que ce soit à l’intérieur de l’enceinte du festival : de la violence y compris à caractère sexuel ; des transgressions contre nature ( nécrophagie, profanation…) ; des comportements dommageables pour l’intégrité physique des personnes ( mutilation, suicide, appel au meurtre…) ; du satanisme. « 

L’ajout du satanisme à cette liste est révélatrice de la confusion d’esprit des auteurs de cette pétition, qui mêlent en une même approche apologétique et argumentation juridique. Si le satanisme est bien évidemment condamnable dans une perspective chrétienne, et doit être combattu sur le terrain des idées, comment justifier son interdiction sur le plan du droit positif au nom d’une démarche qui entend combattre « la haine contre quelque communauté que ce soit »:

N’importe quelle personne hostile à l’Eglise et sachant additionner « 2+2 » aura tôt fait de retourner l’argument contre les auteurs de cette pétition, et de les accuser de tentative de discrimination contre les minorités religieuses qu’ils désapprouvent. C’est ce qui arrive quand on tente de retourner soit-même le discours victimaire des minorités hostiles au christianisme: on finit par s’enfermer dans des contradictions logiques.

En effet, il est possible: soit de mener le combat sur la terrain juridique, donc dans une perspective éventuellement contraignante,  et de défendre le respect de toutes religions, sans préjudice de leur enseignement, soit de le faire sur le terrain doctrinal, et donc de se donner les moyens de critiquer ce contenu, mais dans une démarche qui est une démarche de dialogue et non de contrainte politique et juridique, soit d’essayer éventuellement de tenir ces démarches de manière parallèle. Mais les confondre au sein d’une même demande, une même phrase a fortiori,  est très maladroit, et donne une impression de sectarisme et de logique partisane.

3)L’esprit de la pétition:

Le collectif auteur de cette pétition entend marquer la fin du dialogue:

« Le dialogue instauré depuis des années avec les organisateurs et qui s’est traduit l’année dernière par une table ronde n’a pas porté les fruits escomptés puisque les organisateurs et les pouvoirs publics n’ont tenu aucun compte des alertes et des appels à la responsabilité.

Avec les programmations d’une quinzaine de groupes de la même veine, voire pire que l’édition 2010, la fête de l’Enfer continue les provocations et la promotion du satanisme.
Le temps du dialogue est donc arrivé à son terme.
C’est pourquoi le collectif de lutte contre toutes les provocations violentes et haineuses« Provocshellfestcasuffit » a été constitué.
 A-confessionnel au sens de son autonomie par rapport aux instances religieuses et a-politique au sens de son indépendance par rapport aux partis politiques, le collectif a pour objectifs :
Continuer d’alerter
Faire pression afin que les provocations évoquées plus haut cessent
Son action n’est donc en aucun cas dirigée contre les métalleux en tant que personne, tout en soulignant tout de même leur propre responsabilité.
Le collectif « Provocshellfestcasuffit » est par conséquent ouvert à toute personne, physique et/ou morale, qui souhaiterait apporter sa pierre à cette démarche qui s’inscrit dans le temps » (« Qui sommes nous?« ).
On peut se demander si le dialogue a effectivement commencé, tant les échanges sur certains sites sont parfois violents et péremptoires des deux côtés. On peut également s’interroger sur l’étrange conception du dialogue qu’a ce collectif, qui semble placer la remise en question d’un seul côté, et ne juger les fruits du dialogue qu’en fonction des concessions obtenues sur le court terme (alors que le collectif inscrit sa propre démarche « dans le temps ».
Je m’interroge pour ma part sur les fruits qu’espèrent obtenir à long terme les auteurs de cette pétition: on ne change pas les mentalités par la contrainte, l’Histoire l’a assez prouvé. Et quel sens donnent-ils à leur engagement de chrétien dans la cité?
Etre chrétien, ce n’est pas la même chose qu’être homosexuel, femme, membre d’une minorité ethnique, etc. Il ne s’agit pas simplement de revendiquer d’être ce que l’on est sans être embêté par personne, ce n’est pas juste une question d’identité à affirmer et à défendre. Le sens de notre baptême, c’est certes de refuser le mal, mais plus profondément encore  de répandre le bien, d’annoncer une Bonne Nouvelle, d’évangéliser, de convertir les coeurs des païens, de les disposer  à entendre  l’Evangile… C’est non seulement l’une des significations primordiales de notre engagement de baptisés, mais également une revendication très actuelle de notre communauté. J’assistais hier soir à la messe chrismale de mon diocèse. Lors de l’homélie, l’évèque fit le bilan des remontées des différentes équipes paroissiales qui ont participé au synode lancé en septembre dernier (je suis paroissien du diocèse de Versailles). L’une d’elles était la suivante: que la nouvelle évangélisation soit moins dans les paroles et davantage dans les actes.
Quel est l’apport de cette pétition à cet impératif de l’évangélisation? Il est à mon avis égal à zéro. Comment disposer en effet à l’écoute et à la conversion des gens à qui on commence par dire « le temps du dialogue est révolu », qu’on tente de faire céder sous la pression du nombre et des menaces de procès? Le Hellfest attend en moyenne chaque année autour de 70 000 festivaliers: et bien cela fait 70 000 personnes que cette pétition risque de dégoûter durablement du christianisme. Bravo pour l’effort d’évangélisation: c’est bien la peine qu’on se casse le c… dans nos paroisses, avec notre famille, nos amis ou au travail pour essayer de faire évoluer la vision de l’Eglise, si c’est pour se faire pointer que les catholiques sont les premiers à proclamer la fin du dialogue dès que le cours de celui-ci n’évolue pas comme ils l’auraient souhaité!
Je ne résiste pas à ce sujet à la tentation de faire le parallèle avec cette polémique autour de l’exposition à Avignon d’une oeuvre intitulée Piss Christ, qui représente un crucifix plongé dans de l’urine, et qui a suscité la vindicte de diverses organisations catholiques.
Les similitudes avec la polémique autour du Hellfest sont nombreuses: une manifestation artistique semble verser dans le blasphème: en réponse, une association catho, Civitas, au demeurant très liée à Catholiques en campagne qui était l’auteur de la pétition anti-Hellfest de l’an dernier, lance une pétition demandant aux pouvoirs publics d’interdire cette oeuvre, avec des arguments très proches de ceux habituellement invoqués contre le Hellfest. Les résultats à ce jour sont édifiants: une oeuvre relativement confidentielle acquit une notoriété extraordinaire, quelques jeunes crurent bons de la détruire, pour rien puisqu’elle est à nouveau exposée, si ce n’est qu’ils ont faipasser par leur acte les catholiques du statut de victimes à celui d’agresseurs, et les responsables de l’exposition de celui d’agresseurs à celui de victimes.
Ce fait divers déplorable me parait lourd d’enseignement pour la polémique autour du Hellfest. En effet:
-On parle beaucoup de la responsabilité des groupes et des organisateurs du Hellfest, et de leur influence éventuelle sur les jeunes les moins aptes à discerner. Cette interrogation me parait pouvoir s’appliquer également aux collectifs anti-Hellfest: à force de présenter l’Eglise comme une citadelle assiégée, victime des pires discriminations et exactions, il parait peu étonnant que des jeunes soient poussés à des actes de révoltes, voire à des délits, et (pourquoi pas un jour prochain?), à des crimes, en croyant protéger leur foi contre une société corrompue et les maneuvres du démon. La christianophobie croissante de certains milieux, et les outrances de certains sites et associations cathos sont les deux versant d’un même problème, qui est la dissolution du tissu social et le repli derrière les belles idéologies communautaires. Ne nous laissons pas gagner par ce cancer en cherchant à l’opérer chez l’autre.
-Pour éviter d’être des victimes, certains catholiques décident de se faire des agresseurs, par des pétitions, des menaces, des manifs, … et, nous l’avons vu, parfois par la violence. Voilà qui renverse dramatiquement l’enseignement de l’Evangile, qui incite à tendre l’autre joue et à se faire serviteur . Je sais bien que dans certains milieux on aime à parler de la « Sainte Colère » et à citer abondamment l’épisode des marchands du temple. Je suis peu convaincu: cette scène ne décrit pas Jésus appelant ses disciples à la résistance civile, mais un Fils chassant des intrus de la maison de SON Père. Hors de cette maison, point de « Sainte Colère », mais les humiliations et les tortures subies, en restant ferme sur le message, mais dans l’humilité,  de la Passion. Nous ne sommes pas le Christ, et je ne pense pas que nous sommes à même de juger avec la même autorité des pécheurs tels que nous, et de les chasser de semblable façon. Le Christ nous appelle en effet à nous juger nous mêmes avant de juger autrui, et à porter notre propre croix. Il nous appelle à vivre par cette dernière plutôt que par l’épée, et c’est donc à mon avis sur notre imitation de sa Passion que nous serons jugés, de préférence à celle de sa Sainte Colère. Dans le cas du Hellfest, vivons notre Passion en répondant aux outrages de certains groupes par le témoignage de tout ce que notre foi nous a apporté de Bon, de Beau et de Vrai, et ainsi nous changerons les coeurs avec succès, de même que le Christ a préféré la Croix et la promesse du rachat des péchés aux condamnations et aux menaces (même s’il a toujours veillé à rappeler les conséquences d’un refus de la Grâce proposée, mais sans chercher à contraindre quiconque). Même lorsqu’il a envoyé ces disciples annoncer l’Evangile, il ne leur a pas demandé de menacer ceux qui refuseraient de les accueillir, ou de lancer des campagnes contre eux, mais de secouer la poussière de leurs semelles et de s’en aller.
-Certains disent que ces pétitions ont au moins le mérite d' »être là » pour défendre l’Eglise, et que « c’est toujours mieux que de ne rien faire ». Quel a été le résultat de la pétition de Civitas: une oeuvre qui était connue de peu de catholiques (elle date de 1987 et c’est seulement maintenant que la polémique surgit!), et qui donc en choquait peu, est devenue connue de tous, et en a donc choqué un nombre beaucoup plus importants. Et les catholiques, qui étaient les victimes et qui à se titre pouvaient demander la sympathie, sont devenus les  agresseurs et ont suscité l’opprobre. Je vais peut-être passer aux yeux de certains pour un « tiède » (et franchement je m’en moque bien), mais je pense que pour le coup, ne rien faire aurait été beaucoup mieux…
Voilà donc pourquoi je ne signerai pas cette nouvelle pétition contre le Hellfest, et déconseille de le faire, même si je salue un certain effort d’information et de nuance par rapport à celle de Catholiques en Campagne l’an dernier.
Pour conclure et ouvrir le débat, je signale l’information suivante:
« À l’occasion du 40è anniversaire de la dissolution des Beatles, le Vatican a rendu hommage samedi aux quatre garçons dans le vent dans son hebdomadaire l’Osservatore Romano. Dans un article, le Vatican déclare qu’il pardonne aux Beatles pour leurs commentaires « sataniques » et notamment ceux de John Lennon qui déclarait en 1966 que son groupe était plus populaire que Jésus Christ. Le Vatican a également déclaré que les Beatles était « un joyau » de la musique. « Il est vrai que le groupe consommait de la drogue, qu’ils vivaient dans l’excès à cause de leur succès. Ils ont même dit qu’ils étaient plus connus que Jésus Christ et on fait passer d’autres messages mystérieux à connotation satanique. Ils n’ont peut-être pas été le meilleur exemple qui puisse être pour la jeunesse de l’époque, mais ils n’étaient pas les pires. Leurs belles mélodies ont changé le monde de la musique et continue encore aujourd’hui à donner du plaisir », écrit l’Église Catholique.  John Lennon avait également déclaré lors de cette fameuse interview que la chrétienté finirait par disparaître. « Elle va s’éteindre et sombrer. Je n’ai même pas besoin de le prouver…Je ne sais pas qui du rock and roll ou de la chrétienté des disparaîtra le premier » avait-il affirmé, choquant le Vatican. Une page est donc tournée aujourd’hui et l’Eglise Catholique semble définitivement réconciliée avec les Beatles. Interviewé sur la chaîne américaine CNN, l’ancien batteur du groupe, Ringo Starr, qui vient de sortir un nouvel album intitulé « Y Not », a déclaré mardi qu’il se fichait du pardon du Vatican. « Ils ont déclaré à l’époque que nous étions sataniques et ils ont quand même réussi à nous pardonner ? Je pense qu’ils ont mieux à faire que de parler des Beatles », a-t-il expliqué » (Le Parisien).
Si on peut pardonner à certains groupes leurs « messages mystérieux à connotations sataniques » au nom de la musique, pourquoi pas à tous?

A propos de la pétition « Provocs Hellfest, ça suffit » 1/2

Posted in Hellfest with tags , , , , , , , on 4 avril 2011 by Darth Manu

(Merci à Panouf de m’en avoir signalé l’existence)

Cette pétition, qui émane du « collectif pour un festival respectueux de tous« , s’adresse aux différents partenaires du festival.

Elle commence par dire sa satisfaction de l’annulation d’Anal Cunt et de Satanic Warmaster, et enchaine sur la dénonciation du « manque de vigilance » supposé des organisateurs du Hellfest.

Puis elle analyse les paroles et/ou l’historique de trois groupes: Mayhem, Belphégor et Triptykon, tous présents sur l’affiche 2011 du Hellfest, pour tenter de montrer que chacun de ces groupes est coupable de discrimination religieuse.

Enfin, elle demande aux différents partenaires du festival de faire pression sur celui-ci afin de déprogrammer « tout groupe et/ou chanson incitant à la haine contre quelque communauté que ce soit », de refuser « tout groupe et/ou chanson incitant à la haine contre quelque communauté que ce soit », et d’assurer « La non promotion sous quelque forme que ce soit à l’intérieur de l’enceinte du festival : de la violence y compris à caractère sexuel ; des transgressions contre nature ( nécrophagie, profanation…) ; des comportements dommageables pour l’intégrité physique des personnes ( mutilation, suicide, appel au meurtre…) ; du satanisme ».

Mes remarques sur cette pétition:

1) A propos des trois groupes cités:

Mayhem:

La pétition dit: « Mahyem (sic) revendique et encourage très explicitement la haine des chrétiens« . Comme je le montrais dans un précédent billet, dire du mal du christianisme ou blasphémer, même de façon virulente, ce n’est pas la même chose qu’inciter à la haine. Celle-ci en effet passe par l’appel à des actions concrètes. Il est vrai que certains des membres  du groupe ont participé au début des années 1990 à des incendies d’églises (et l’un d’eux a été victime de meurtre). Mais loin de monter en puissance depuis ces actes dont les auteurs ont tous été poursuivis, condamnés et ont purgé leur peine depuis longtemps, les membres actuels se sont assagis.

Hellhammer (batteur du groupe) est si peu antichrétien qu’il a été batteur de session pour le groupe d’unblack Antestor, et porte un jugement très favorable, tant sur le plan personnel que musical, sur les membres du groupe de death/black metal chrétien Extol sur son forum. Par ailleurs, il affirme dans une interview que la musique était dès le départ la finalité principale de Mayhem, et non l’antichristianisme: « In my opinion, black metal today is just music. I will tell you that neither I nor other members of Mayhem never really were against religion or anything else. We are primarily interested in music » (Interview sur Metal Library).

Il est vrai qu’il a souvent joué à brouiller son image dans les médias, et ses déclarations peuvent être sujettes à caution, mais s’il est peut-être un manipulateur, il n’est clairement ni un sataniste convanicu, ni a fortiori un antichrétien militant et haineux.

Attila (chanteur) est certes personnellement opposé au christianisme, mais fait explicitement la différence entre les croyances et les personnes, et n’incite donc pas à la haine:

« Attila : C’est assez complexe… Dans les grandes lignes, l’album a pour thème central les éléments logiques qui relient l’ordre au chaos dans notre monde, dans notre quotidien. Pour illustrer cela, je fais référence dans ces textes à de nombreux grands textes et mythes de l’histoire, plus précisément, à la représentation que l’homme se fait du chaos depuis l’antiquité. (le vocaliste part alors dans une explication particulièrement longue et riche, en évoquant les tablettes sumériennes, la ceinture d’Orion, nombre de mythes chrétiens, les pyramides de Guizeh…).
Tous ces mythes, tous ces éléments historiques ont été réinterprétés de toutes les façons possibles par les religieux du monde entier, qui refusaient toute autre explication de l’existence des hommes sur cette terre que leur création par un Dieu unique. Au travers de ces textes, j’ai tenté d’amener une réflexion sur ce refus… Mais je suis bien conscient que cela ne reflète pas le point de vue de tous les croyants, je n’ai aucun problème avec le fait que tu sois juif, chrétien ou musulman…j’ai simplement voulu proposer ma vision des choses par rapport aux positions des différentes institutions religieuses sur la vie, l’ordre et le chaos et ce tout au long de l’histoire…

Joff : Mais dès lors, pourquoi uses-tu d’artifices comme un crucifix inversé sur scène ?

Attila : Parce que cela renvoie à une idée de contestation de cette institution religieuse, il ne faut pas forcément prendre ce que je fais sur scène au pied de la lettre.

Joff : Mais ne regrette tu pas qu’une partie du public ne vois alors pas plus de ta part qu’une simple reproduction de tous les clichés satanistes utilisés dans le mouvement Black Metal depuis sa création ?

Attila : A vrai dire cela m’importe peu… j’ai mes idées, et je ne suis pas sur scène pour faire de la propagande. Pour ce qui est du satanisme en soi, ma vision de la chose est assez simple: si Dieu existe, alors que quelqu’un me le prouve, en attendant, je demande simplement:  « Si Dieu existe, alors pourquoi pas Satan ? » (interview par Metalorgie).

Necrobutcher (bassiste) quitta Mayhem  en 1991, lors des premières polémiques autour du black metal norvégien, parce qu’il ne supportait plus la pression médiatique et les excès d’Euronymous. Ce dernier tint en son temps des propos assez méprisants sur sa « normalité »: « Yes, Necro Butcher is out of the band, because he’s become a totally normal person with his own family (spit), and he has no longer anything to do with the black metal/death metal lifestyle » (Interview par Angelfire). Il ne réintégra le groupe qu’en 1995, après les meutres et les incendies d’églises. Il parait donc difficile de lui faire grief d’actes dont il s’est clairement démarqué dès qu’il prit conscience de leur gravité.

Le line up actuel de Mayhem apparait donc beaucoup plus modéré dans son antichristianisme que la pétition ne le suggère. Cela ne fait pas nécessairement de ses membres des personnes absolument intègres: ils ont été poursuivi aux Pays-Bas en 2009 pour la destruction d’une chambre d’hôtel. Mais si ce type d’actes devaient motiver une telle pétition, ce sont tous les festivals de musique sans exception qu’il faudrait censurer, et non le seul Hellfest, tant de tels comportements sont courants en dehors du metal.

Belphégor:

Le satanisme de ce groupe semble de type LaVeyen, c’est-à-dire qu’il nie l’existence personnelle de Satan, et y voit le symbole de la liberté humaine face à l’opression religieuse supposée:

« Il y a des attitudes très différentes dans le black metal concernant le Satanisme : certains groupes le prennent très au sérieux et d’autres se servent juste des images pour le fun. Vous semblez vous tenir entre les deux…

Belphegor représente la magie, la liberté et la rébellion. Le message est très clair, faites ce que vous voulez, prenez vos propres décisions et suivez votre propre chemin » (Interview sur Radio Metal).

En réalité, les membres sont justes des athées très remontés contre les religions organisés, et non des satanistes théistes:

« Noticeably, your lyrics, tiles, and your website are very out-spoken. I have just recently read an article (on anus.com) about boycotting Christian metal, and shortly after that a metal fan approached me with some heavy criticism who finds that Black metal is no longer acceptable because the satanic content most albums have. As an atheist he sees this as a form of religion. What’s your take on this?

I consider myself as an atheist. I’m not a slave of any kneeling-crawling-praying shit-sect » (interview par Metalcrypt).

L’examen de leurs paroles met  en évidence l’une des faiblesses majeures de la démarche de beaucoup d’antihellfest. Ces derniers s’opposent au festival sur une base morale (dénonciation des paroles semblant faire l’apologie du mal, des pratiques sexuelles déviantes, etc.) et religieuse (dénonciation du satanisme et de l’antichristianisme) mais argumentent sur le terrain juridique (dénonciation de l’appel à la haine) dans l’espoir qu’une victoire dans ce dernier domaine permettra une avancée dans les deux premiers. Mais l’appel à la haine, comme je le montrais dans un précédent billet, n’est pas constitué de manière suffisante par des paroles blasphématoires ou qui manisfestent une hostilité virulente contre le christianisme, mais par l’appel à des actes concrets contre la personne des chrétiens et contre l’institution catholique.

Ainsi, s’il me semble que la chanson suivante peut être interprétée comme un appel à la haine:

Cremation Of Holiness
Christ has died – squealing like a pig
Hellish torment – seething flesh
Mocked and spitted at – his lies now ignored
Kill his minions – exterminate ’em all

Behead the disciples of god…

Turn their churches into abattoirs
Wade in desecrated blood
Bomb the vatican – crucify the (polish) whore
Cremation of holiness – destruction of faith

Profanation – Blasphemation
Fornication – Bloodperversion (Album Necrodaemon Terrorsathan, paroles sur Dark Lyrics).

Celle qui suit n’en est manifestement pas un, et si Belphégor devait être condamné pour la première, il resterait donc libre de jouer la seconde au Hellfest ou ailleurs:

Sanctus Perversum

Whorehouse temple – orgasmic hell
Sado fuckfest – unholy mass
Sin triumphant – vomit the soul

Ass for an ass – cunt for a cunt

Sacramental – Coitus in Anum
Sacrificial – Bukkake delight

Gaping cornholes – raining cum

Kyrie eleison
Dominus
Christe eleison
Sanctus

[Lead: Sigurd]

Ass for an ass – cunt for a cunt

Sacramental – Coitus in Anum
Sacrificial – Bukkake delight

Glorification of flesh above spirit

Sanctus…
(Album Pestapokalypse VI, paroles sur Dark Lyrics).

Le problème de la censure, c’est qu’elle place la morale sur le terrain de la loi. Et celle-ci, contrairement à la première, est restrictive dans son application, et susceptible d’interprétations et de contournements. Ainsi, même si Belphégor était condamné ou censuré pour ses morceaux les plus violents, il pourrait continuer à jouer ceux simplements blasphématoires ou obscènes sans difficulté. Ce qui montre combien choisir l’interdiction pure et simple plutôt que le dialogue est illusoire, et n’apportera dans le meilleur des cas qu’un bénéfice extrêmement minime.

Même dans les pays les plus répressifs en matière de morale, on observe en effet combien il est facile de contourner l’esprit de la loi pour justifier son contraire:

« Comme on a pu le voir dans les travaux de recherche français (Lapassade, 1996 ; Monceau, 1997) et anglo‑saxons (Woods, 1990 ; Berthier, 1996) sur l’école, les mécanismes de contrôle imposés par l’institution produisent des effets opposés à ceux qu’ils sont censés produire. L’école iranienne en est un exemple inédit. La déviance n’a certes pas forcément la même signification que dans d’autres contextes, puisque certaines conduites, acceptées ailleurs, sont considérées en Iran comme illicites. Les élèves s’efforcent de trouver des solutions adaptées qui leur permettent de contourner les normes et de faire face aux humiliations subies : porter tel ou tel habit non autorisé sans se faire remarquer, cacher les objets interdits, se maquiller discrètement, avoir des relations avec le sexe opposé, regarder un magazine étranger pendant le cours, déserter les manifestations idéologiques, apprendre et pratiquer superficiellement des savoirs religieux et idéologiques.

33Les élèves considèrent certaines normes comme une ingérence « illégitime » atteignant leur liberté et l’infraction est alors jugée comme nécessaire et juste. Des fractions importantes d’élèves sont en désaccord profond avec l’institution qui crée ces normes et cette perception est largement partagée par les familles (Monadi, 1997). Une élève proteste ainsi : « Regardez le lycée des autres pays ou celui d’avant la révolution, nous n’avons aucun droit, on se permet de fouiller notre sac ou notre cartable et de vérifier les objets personnels comme les photos, le carnet d’adresses, l’agenda… »

34La répression de la culture juvénile par les pratiques humiliantes et des discours hautains et agressifs blessent les élèves et les encouragent à ignorer, à contourner ou à déformer certaines normes : « J’ai connu l’école des années 1980, la version la plus dure de l’école iranienne. Les enseignants hezbollah nous traitaient comme des animaux, leur agressivité était intolérable, nous subissions quotidiennement les humiliations qui nous blessaient. Les élèves cherchaient à tout prix à les venger, par exemple, on ne répétait pas les slogans lors de la cérémonie matinale, on regardait les films interdits, on sortait avec les garçons, on buvait des boissons alcooliques, on écrivait des insultes contre les mollahs sur le tableau, on posait des questions insensées sur la religion ou la moralité » ( La religion d’Etat à l’école: l’expérience de l’islamisation de l’école en Iran, in Journal des anthropologues).

Il s’agit certes d’une censure et d’une répression beaucoup plus extrêmes que celles proposées par les antihellfest, mais qui montre combien il est illusoire et contreproductif de prétendre changer les coeurs par la contrainte. Et comment ne pas faire le rapprochement avec le témoignage suivant de Marilyn Manson?

« Mon autre source imperturbable d’information (sur le rock)a été l’école chrétienne. Tandis que Nick me branchait sur le heavy metal, l’école organisait des séminaires sur les messages subliminaux. Ils apportaient des disques de Led Zeppelin, de Black Sabbath et d’Alice Cooper et les passaient à fond sur la sono. Différents professeurs se mettaient à tour de rôle devant la platine pour, de l’index, faire tourner les disques à l’envers afin de nous expliquer le contenu de ces messages cachés. Bien évidemment, la musique la plus extrême, celle qui contenait les messages les plus sataniques, était exactement celle que je voulais entendre… puisque c’était interdit. Ils brandissaient des photos de groupes pour nous faire peur, mais tout ce qu’ils ont réussi à obtenir, c’est de me décider à porter les cheveux longs et une boucle d’oreille pour ressembler aux musiciens des pochettes » (Mémoires de l’enfer p. 26, cité dans L’Age du Metal p. 283).

 

Cet exemple édifiant montre combien la morale et le respect ne sauraient se gagner par la contrainte, au risque d’obtenir l’effet inverse et d’accélérer la déchristianisation de notre société. En ce sens, les antihellfest seraient bien inspirés de méditer la pensée suivante de Pascal: « L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête« .

Triptycon:

La dénonciation de ce groupe par la pétition qui fait l’objet de cet article est très étonnante, pour ne pas dire aberrante, et illustre combien les antiHellfest ont une connaissance superficielle du métal, et une méthodologie défaillante, qui se borne à relever les occurences d’une thématique sataniste ou antichrétienne dans les paroles d’un groupe, plutôt que d’analyser ce dernier en profondeur et en contexte. Voici en effet comment le fondateur de Tryptikon, ancien de Celtic Frost, analyse son rapport personnel à la religion:

« Occulte. Un mot à la signification aux multiples facettes. Quelle en est la signification chez Triptykon ?

Une signification extrêmement personnelle, qui vient de mes origines et de mon chemin de vie. Satanisme, occultisme sont des mots qui, particulièrement dans la scène metal, sont infiniment mis à contribution pour plusieurs raisons. Ils sont devenus des clichés, des parts d’une imagerie et des arguments de vente. Je ne veux prendre part à cela.

Tryptikon traite de thèmes historiques et occultes, lesquels ?

Histoire, religion, occultisme, la psyché de l’homme et tous les points qui s’y rapportent. Dans ma jeunesse, c’était les thèmes que j’ai utilisés pour fuir la réalité très sombre de ma vraie vie. Mais je ne suis pas le partisan d’une religion ou d’un culte, bien au contraire. Il s’agit plutôt d’une sorte de dispute intellectuelle avec ces thèmes » (Interview par Daily-rock, p.6).

Déjà, du temps de Celtic Frost, Tom Gabriel Fischer insistait bien sur le caractère non militant de sa critique du christianisme:

« A lot of the band’s early work had a lot of Satanic imagery. Is that something you believe or believed in, or was it simply a writing tool?
To deal with the topic of occultism or Satanism or Christianity doesn’t mean you have to be a part of it or a follower. Martin used religion as a means of revolution against his environment, his family, his upbringing, which was a forceful introduction to the Catholic Church. His youth to him was a huge restriction. It was a darkness, the exact opposite of what his parents intended, to be forced into these rigid religious ceremonies and beliefs without any choice from a very early age. It made him grasp for anything to leave this, to challenge this, to conduct his own mini-revolution against his parents. Dealing with occultism, even though he was never a Satanist and neither was the band, these topics alone shocked his parents and his environment. Martin became an expert on all these topics because he’s been studying them since he was a little kid. So it was obvious that this would be a topic of most of our lyrics at the time, even nowadays on the new album. But I can assure you that we have never followed any man-made religion. We are very critical of any religion, be it Satanic or Christian or whatever. I don’t think anybody in the band believes anything. We are simply musicians and we deal with topics that are of interest to us » (Interview sur About.com Heavy Metal).

A propos des paroles de ce groupe, la pétition affirme:

« Enfin, Triptykon, un groupe helvétique dont l’emblème est une croix renversée. Leurs titres sont tout aussi explicites, comme la chanson « Crucifixus » ou « I am The Twilight », dans laquelle ils invitent à « Persécutez les serviteurs de Dieu, les esclaves doivent finir comme des esclaves, pataugeant dans les ruisseaux en mourant, dans l’obscurité vers leurs tombes. » »

Crucifixus est un instrumental (sans paroles donc: merci l’exactitude de cette pétition). Voici le texte complet du second morceau:

I Am The Twilight

Yield, I am the twilight
Three, three days of darkness
Love has turned to hatred
Why have I been chosen?

Chaos, let chaos reign
Repent, in fear repent
Chaos, let chaos reign
Die, die as you pray

Persecute the servants of god
Slaves shall end as slaves
Wading through dying creeks
In gloom towards their graves

Chaos, let chaos reign
Repent, in fear repent
Chaos, let chaos reign
Die, die as you pray

I rise above
In light divine

As you sow
You shall reap

Chaos, let chaos reign
Repent, in fear repent
Chaos, let chaos reign
Die, die as you pray

Lord god of Sebaoth
Black are the heavens
Mine is the face of enmity
Blessed those who suffer

Chaos, let chaos reign
Repent, in fear repent
Chaos, let chaos reign
Die, die as you pray » (sur Dark Lyrics).

Il s’agit manifestement d’une allégorie qui vise à exprimer la souffrance d’une foi et d’une espérance déçues, et non d’un appel littéral au meurtre des chrétiens. Seule une personne complètement biaisée ou malhonnête pourrait prétendre le contraire , et je défie bien les auteurs de cette pétition de gagner un procès sur la base d’un tel texte. Mais qu’importent la vérité ou l’honnêteté intellectuelle au regard de la grande cause du combat contre le Hellfest!

Il est évident que Triptykon, si ses paroles sont très critiques à l’encontre du christianisme (mais n’est ce pas notre devoir de chrétiens de répondre aux espoirs déçus, plutôt que de les museler?), n’est pas un groupe haineux. Son inclusion dans la pétition est quasiment une faute des anti Hellfest, et montre combien Ben Barbaud n’est pas seul à parfois manquer de vigilance.

De l’influence positive du black metal sur les plus jeunes d’entre nous

Posted in Rions avec le black metal with tags , on 4 avril 2011 by Darth Manu

Pour vous faire patienter en attendant mon prochain billet sur le Hellfest, qui a pris un peu de retard mais devrait paraitre d’ici demain soir, je ne résiste pas à la tentation de partager avec vous cette vidéo que je viens de découvrir sur Yahoo News:

 Quand j’affirmais que les apports positifs du black metal sont sous-estimés, je ne croyais pas si bien dire… 😉