Archive pour octobre, 2011

Le sentiment de puissance dans le black metal

Posted in Les sources du black metal with tags , , , , , , , , , , on 30 octobre 2011 by Darth Manu

J’ai jusqu’ici traité d’un certain nombre d’émotions véhiculées par la musicalité propre au black metal: la colère, le désespoir, la haine, la mélancolie… Je voudrai aborder aujourd’hui un sentiment qui est exprimé par l’immense majorité des albums du genre: celui de puissance.

« Dans le Black Metal, la dépression est le sentiment négatif, c’est du désespoir et de la torture à l’état pur. Toutefois, ce n’est pas la sensation dominante, contrairement au Dark Ambient plus équilibré. Les sentiments positifs sont plus dominants dans le Black, l’énergie et la puissance, qui se traduisent dans des Black Metal plutôt épiques ou symphoniques entre autres, procurent des sensations d’importance, d’authenticité, de fierté. Ou encore la haine transmise par le Black Metal True et Brutal est également plutôt positif car c’est de l’énergie et de la puissance. Pas une puissance dominatrice, simplement un sentiment d’invincibilité. » (Metalship, dossier « Black Metal et Datk Ambiant », par « Int »).

Selon cet auteur, la puissance est dans le black un sentiment « positif », orienté non pas vers la domination mais vers l’invincibilité, et qui transfigure d’une certaine manière la haine et toute la noirceur exprimées par de nombreux morceaux, en les rendant positives, énergétiques.

Cette notion de puissance est récurrente dans les chroniques d’albums de black, et est souvent un indice d’efficacité de tel ou tel morceau:

« Sauron est très brutal, cela ne fait aucun doute, avec un batteur époustouflant qui déroule du blast à des vitesses hallucinantes, des vocaux très puissants et franchement haineux, des riffs occultes dans la lignée de Dark Funeral, le tout servi par un son aussi roots et crado qu’intelligible : efficacité et puissance black metal garanties. » (Chronique de l’album For a dead race de Sauron par Sheer Kan sur Guts of Darkness).

« Marduk sest fait connaître mondialement comme étant lun des leaders de la scène black métal. Ceci dû aux nombreuses tournées et peut être à la constance de leurs albums sortis au cours de ces deux dernières décennies. Avec “Panzer division” considéré comme un des albums les plus violents du black métal, Marduk montrait toute sa puissance.  » (Notice du Hatefest 2011 sur Rebirth).

« But I’ll be damned if « Frozen Storm Apocalypse » isn’t one of the most brutal sounding black metal albums out there in either scene, secular or Christian. makes Dimmu’s latest offerings sound a little bit…trite.

 Highly recommended. » (Chronique de Frozen Storm Apocalypse de Wintersoul par « the joker » sur Encyclopaedia Metallum).

Il est à noter que la « violence » si souvent décriée par les détracteurs du metal se confond bien souvent avec cette notion de puissance.

Pour comprendre cette caractéristique musicale du black, qu’il partage d’ailleurs avec d’autres styles comme le death metal, mettons nous dans un premier temps d’accord sur la définition du mot puissance:

« puissance
nom féminin
(de puissant)
Force, intensité d’un phénomène : La puissance du vent.
Intensité, efficacité, force d’un appareil, d’un produit : Puissance d’une arme.
Efficacité de quelque chose en rapport avec les moyens disponibles : Puissance d’un syndicat.
Force, vigueur d’une aptitude, capacité : Puissance de l’imagination. Puissance de travail.
Pouvoir, autorité dans le domaine politique, social : État au sommet de sa puissance.
Personne ou chose qui exerce une grande influence : Lutter contre les puissances de l’argent.
État considéré du point de vue de sa force économique, politique, de sa suprématie dans un domaine essentiel : Les grandes puissances.[…] » (définition du mot puissance par le dictionnaire Larousse) .

Le mot qui me parait être le plus petit dénominateur commun dans ces définitions est le suivant: « force ». Le black metal est donc une musique qui donne un sentiment de force.

Elle n’est pas la seule, mais elle a l’originalité d’associer ce sentiment « positif » de force ou de puissance à des thématiques « négatives », qui nous renvoient généralement à nos faiblesses: la mort, la maladie, la nuit, le froid, le désespoir, la haine, la colère, le mal, etc. D’où « l’invincibilité »: ce qui devrait m’affaiblir ou me tuer me donne au contraire de la force, me rend plus fort (pas étonnant en ce sens que les black metalleux aiment bien Nietzsche: n’a-t-il pas pas écrit: « ce qui ne me tue pas me rend plus fort? »).

D’où sans doute cette curieuse revendication de la « haine » chez certains groupes: le black a pour originalité d’associer à des émotions négatives, pessimistes, désespérantes un sentiment de force, de puissance. Plutôt que de déplorer ou redouter le mal, tout ce qui nous affaiblit ou nous menace, le black métalleux transforme cette vulnérabilité, constitutive de notre finitude, en « invincibilité ». Et ce faisant, il semble dans les albums de certains groupes se mettre du côté du mal: « tout ce qui constitue un danger pour l’homme, est au contraire mon rempart, parce que je ne suis pas une victime du mal: je m’en nourris, je l’accompagne dans son expansion au lieu d’être balayé par lui ».

C’est en tout cas le genre d’idées qui a pu nourrir l’inspiration d’un certain nombre d’artistes (« Warmachine : Ce qui me plait dans le fait d’être sur scène, c’est le fait de sentir la force de l’ambiance qui se dégage de ce que nous sommes en train de jouer. J’aime percevoir la puissance de l’obscurité qui envahi la salle, et le fait de pouvoir corrompre des esprits peut-être encore trop bien pensants. Lorsque je joue, je me laisse porter dans une orgie de négativité créatrice.« . Interview de Warmachine du groupe Alasthor sur Spirit of Metal). Et c’est sans doute aussi l’une des principales raisons pour lesquelles tant de personnes sont encore sceptiques face au projet d’un black metal chrétien.

Cette ambivalence puissance/faiblesse au coeur de la musicalité du BM est pourtant plus complexe que cela, si l’on considère l’ensemble de la production musicale au sein de ce courant. Pour reprendre la citation initiale, la puissance dégagée par le black n’est le plus souvent pas dirigée contre un objet précis: elle donne  »  des sensations d’importance, d’authenticité, de fierté ». Malgré son agressivité, elle n’est pas nécessairement dominatrice mais remplit l’intériorité du musicien ou de l’auditeur. Elle lui donne de l’assurance, une solidité, mais sans nécessairement que celle-ci s’exerce au détriment d’autrui. Paradoxalement, elle peut m^me être joyeuse ou épique, porteuse d’une certaine forme d’espérance.

« Arntor tient un rythme fou tout du long, assuré par la richesse des arrangements, les changements de tempo et la diversité des ambiances. Les chansons évoluent, aussi bien les riffs qui varient légèrement durant un titre que les tempos. « Saknet », le grand moment de l’album avec la chanson « Arntor, ein Windir », oscille entre onirisme aérien, violence et grandeur, sans jamais pouvoir totalement dissocier les trois. « Kampen », judicieusement placé entre les deux pièces épiques de l’album, est une montée en puissance commençant par un mid tempo pour se terminer sur un rythme galopant, passant du magnifique chant clair de Steinarson au chant black, chant clair qui prend d’ailleurs une plus grande importance. Les choeurs oscillent entre le glorieux appel à la bataille (« Arntor, ein Windir ») et la sombre tristesse en hommage au roi tombé durant la bataille (« Kong Hydnes Haug »). Et que dire de « Ending », qui termine l’album en apothéose sur une violence brute, la rage au cœur explosant pour mieux nous en irradier.

Jamais l’histoire Viking ne fut aussi belle, jamais les sagas de Scandinavie ne furent aussi bien rendues en musique. La signature et le son si typique de Windir sont matures, les compositions sans temps mort et riches, pour un résultat final magnifique et beau, ainsi que la vision sonore d’une période précise de l’histoire d’une région de Norvège. Arntor est un album indispensable, unique en son genre, un exploit qui fait rentrer Valfar dans la légende et le rend immortel« . (Chronique de Arntor de Windir sur le site Les Eternels, par Wotan).

L’alliance entre puissance et noirceur propre au black metal peut symboliser l’allégeance au mal et la misanthropie dans certains albums, mais dans d’autres, nous ressentons la « grandeur » du héros qui endure les épreuves, le courage et la persévérance aux prises avec l’adversité et la tragédie.

Plus généralement, et pour sortir du black épique, il me semble que la puissance sombre, froide, nocturne qui caractérise la musique black metal a exprimé de moins en moins, au fil des années, la soumission au mal, et de plus en plus la reconnaissance de forces qui nous dépassent dans la Nature, et dans notre propre nature, l’intuition d’une certaine forme de transcendance.

« In The Nightside Eclipse ce sont 8 chansons dominés par l’Unique. Un peu comme dans le Seigneur des Anneaux avec son précieux Unique fait pour dominer tous les autres. « Into the Infinity of Thoughts » est cette Unique, cette précieuse qu’on vénère sans poser de question et qu’on écoute religieusement pour en saisir la plus infime parcelle de musique. Oui, car cette chanson est un miracle de 9 minutes. Intense comme jamais il n’en était avant dans le black métal, céleste et spatiale, servie par un son d’une froideur arctique et géniale, elle démarre par une intro presque mécanique, avant … Avant. Oui, avant LE riff. Celui qui a défini Emperor comme un groupe phénoménal. Un riff monumental qui sera repris à l’envi durant toute la chanson. Et des claviers parcimonieusement utilisés pour napper la composition de leur douceur. Ce sont aussi des variations subtiles et évidentes. Et enfin un final divin aux relents d’appel à Dieu. Sauf que Dieu n’existe pas malheureusement pour vous. Et encore moins pour Emperor » (Chronique de In The Nightside Eclipse d’Emperor sur le site Les Eternels, par The Decline 01).

Le black metalleux est traversé, « galvanisé » (Nicolas Walzer) par la puissance de la musique. Par elle, il communie avec ce qui parait Tout Autre, tout ce qui échappe à notre contrôle, à notre éducation, à notre culture, à notre civilisation, et pourtant les dépasse et peut les anéantir. Le temps du morceau, aussi bien par la force dégagée par la musique que par l’imaginaire convoqué par les paroles, la pochette ou les ambiances des morceaux, il oublie sa finitude pour se sentir « surexister »:

« Je vais te dresser un parallèle : tu prends ta moto, une sportive, le soir sur le périph (je suis motard), tu roules à 300, tu sens la puissance. C’est la vitesse ça, non ? La vitesse, les limites quoi, la force, l’adrénaline. Dans un blast de black metal, y a de la force et de la vitesse. Tu te sens « surexister ». Oui tu te sens puissant, mais pas forcément pour dominer quelqu’un (Hingard) » (Cité par Nicolas Walzer dans La recomposition religieuse black metal: Parcours et influx religieux des musiciens de black metal dans Sociétés n°88, 2005/2, Editeur De Boeck Université).

Dans mon propre cas, ce sentiment de puissance me donne l’impression de faire corps avec, d’être porté par une force qui me dépasse.

Cela peut aller jusqu’à des phénomènes comparable à une transe, sur lesquels je reviendrai dans un billet qui leur sera spécifiquement dédié:

« En définitive, le black metal prend ici la forme d’une corporéité dans le sens où il prend vie dans la galvanisation, la puissance qu’il confère à l’initié. Le blackist conquis, traversé par la musique, met simplement des mots sur des sensations. La violence sonore a pour lui comme définition : le metal extrême. Il suscite chez ses auditeurs un peu particuliers une sorte de « transe » qu’on serait en peine de définir avec précision autrement que par les figures métaphoriques.

[…]

Le fameux headbanging (secouer la tête de bas en haut en rythme en faisant participer parfois le corps entier) et le pogo (se percuter dans toutes les directions au milieu d’un concert) en sont la résultante visuelle la plus flagrante. Il est une constante : la musique metal galvanise les métalleux. Un sentiment de puissance est engendré dans la tête de l’auditeur, dont est responsable pour une grande part le volume sonore. Sur ces sensations qui, pour certains, font participer le corps entier, les fans mettent des mots qui sont leurs mots à eux, leur langage. À leur tour, les musiciens inscrivent leur création dans ce cadre puissant et violent. Ils ont vécu leur black metal de cette manière, ils adressent aux auditeurs leur propre interprétation de la musique violente« . (Nicolas Walzer, ibid.).

A noter cependant que ce phénomène n’est pas une particularité du black metal ou du metal en général, mais se retrouve dans tous les courants musicaux, y compris la musique classique:

« La transe est généralement perçue comme permettant une meilleure communication avec les dieux en même temps qu’elle accroit le pouvoir des instrumentistes; c’est là une ambiguité et une ambivalence fondamentale de la musique.  L’orchestre en service a quelque chose de proche de la cérémonie de transe telle qu’elle a été étudiée par Gilbert Rouget dans certaines populations africaines. Le chef d’orchestre peut être associé au chamane qui dirige la cérémonie, l’orchestre est son instrument. C’est en dirigeant qu’il se met en transe tandis que les instrumentistes sont les possédés: la transe leur vient parce que le collectif, la force sociale est en oeuvre, caractéristique générale de la mise en transe. 

Pendant ce que les instrumentistes appellent un concert réussi, ils parviennent parfois à entrer dans un état qui présente des similitudes avec la transe[…]

Pour notre propos, il est important de faire une distinstion entre la transe et l’extase que le sens commun tend à associer. La transe, qui est, selon nous, proche de l’état des instrumentistes ne s’obtient que dans un environnement sonore et en compagnie d’autres individus. L’extase en revanche s’obtient dans le silence et dans l’immobilité. Il est intéressant de noter que si on peut parler de transe pour les instrumentistes, il semble que l’extase soit l’état des auditeurs/spectateurs de la représentation musicale. […]

Les spectateurs d’un concert seraient ainsi hypnotisés et soumis aux instrumentistes, comme le seraient des possédés. Il n’y a pas que la sensibilité externe qui soit en jeu pour les auditeurs: la musique pénètre aussi le corps,elle agit sur lui. La musique a un impact physique sur l’auditeur et modifie sensoriellement sa façon d’être. L’exemple le plus édifiant est celui des musiques populaires amplifiées qui recherchent très clairement cet impact physique, donnant des effets sonores jamais atteinds parce que impossible à  atteindre autrement que par l’amplification. On voit bien ici l’aspect subversif que peut revêtir l’écoute musicale et comment on peut en venir à qualifier certaines musiques d’immorales » (Les musiciens d’orchestre symphonique: de la vocation au désenchantement, par Pauline Adenot, ed. L’Harmattan, p. 250 – 251).

Il est donc clair que l’écoute du black metal, comme celle de toute musique, n’est pas innocente et doit faire l’objet d’un discernement individuel au cas par cas. Mais cela n’en fait pas pour autant une musique « diabolique ». Les conséquences psychophysiologiques de son écoute sont à étudier sérieusement, mais elles ne sont pas nécessairement négatives. Si une écoute abusive et sans discernement sur son ambivalence a pu conduire certains à la désocialisation, au suicide ou au meurtre, la majorité des black metalleux ne semblent pas souffrir d’altérations de comportement radicales, soit qu’ils l’écoutent avec modération, ou en alternance avec d’autres styles musicaux, soit que ce qu’ils y recherchent et y trouvent n’est pas la violence et le satanisme de l’inspiration revendiquée s par certains groupes, mais une image de la souffrance et de la solitude qui sont des composantes fondamentales de notre existence à tous, et en même temps, une force, une puissance qui perce au delà de ce rappel de notre impuissance ontologique. Cette  puisssance peut certes être représentée, interprétée, comme une exaltation de l’omniprésence du mal, ou d’une volonté individuelle de pouvoir et de domination, mais également comme l’enracinement dans une transcendance, une force qui nous est incompréhensible, mais qui nous protège et nous rend plus confiants, nous donne de l’assurance, mais aussi de l’être, nous fait « surexister ».

Les deux approches sont donc possibles: celle « diabolique », qui est celle des pionniers du black metal, et celle rédemptrice, que cherchent à définir les partisans du black chrétien sais pas seulement. Tout se joue non pas au niveau des spécificités sonores mais de l’inspiration et de la manière dont elle est perçu par l’auditeur. Ce qui explique que l’écoute du métal ait pu aussi sauver des vies. Comme le rappelle le Père Robert Culat à propos d’un musicien vedette d’un autre courant du métal:

« James Hetfield, du groupe de thrash Metallica, a fait une déclaration allant dans ce sens, suite à la cure de désintoxication qu’il a dû suivre en 2001: « ma musique et mes textes ont toujours été une thérapie pour moi. Sans ce don de Dieu, je ne sais pas où j’en serais«  » (L’Age du Metal, p. 193).

Alors oui, le black metal, comme toute musique, influe sur notre comportement. Oui, il traite d’émotions et d’états existentiels forts, puissants, profonds et sombres, qui touchent d’une certaine manière à l’âme de l’auditeur. Et oui, certains métalleux fragiles ont pu être emportés par la puissance de cette musique. Mais en même temps, elle est le révélateur de réalités constitutives de notre âme. Elle nous fait percevoir une vérité sur nous même et notre nature.  Pour reprendre la belle expression d’un métalleux cité par le Père Culat dans son livre (P. 180):

« [ce que je trouve de plus important dans le metal] La noirceur, la force, la mélancolie, l’atmosphère le monde que cette  musique décrit. Elle correspond au plus profond de mon âme« 

Selon ma propre expérience, le black metal exprime par le sentiment de puissance et en même temps d’obscurité qui le définit musicalement la dichotomie de l’âme humaine, déchirée entre l’expérience du péché et la possibilité de la Grâce. Et cette musique est habitée par cette dichotomie au sens où elle peut tout à la fois perdre ou sauver. L’enjeu du black metal chrétien est de l’orienter autant que possible dans la seconde direction. Mais de par cette ambivalence qui reflète celle de l’homme, créature de Dieu habitée par la Grâce mais en même temps libre d’accueillir ou de refuser celle-ci, et entravée par le péché, il s’agit d’une musique belle, digne d’être jugée comme une forme authentique d’expression artistique et d’être défendue.

« Christianophobie », christianofolie…?

Posted in Christianisme et culture with tags , , , , on 21 octobre 2011 by Darth Manu

Cet article sort un peu à première vue des thématiques propres à ce blog, mais les rejoint dans la mesure où il analyse un concept fondamental pour comprendre l’analyse que font certains milieux cathos du Hellfest.

La « christianophobie » est à la mode en ce moment. Civitas appelle à une manifestation contre elle le 29 octobre 2011, et multiplie les actions contre ses vecteurs supposés, ainsi la dernière en date… Ce qui suscite beaucoup d’enthousiasme chez de nombreux catholiques, mais également de fortes réticences, ainsi ici, ou , ou encore

Qu’est-ce que la « christianophobie » (ou la » cathophobie », juste un peu plus restrictive dans son objet)? Son étymologie suggère qu’il s’agit de la peur irraisonnée ou de la haine du christianisme. Ce serait un discours ou un comportement incitant à la haine et à la discrimination à l’encontre des chrétiens et de leurs valeurs, de même que l’homophobie à l’encontre des homosexuels, que la xénophobie à l’encontre des étrangers, etc.

Ce terme est très fréquemment invoqué, en ces temps de recul du christianisme et de polémiques contre l’Eglise, et on le trouve jusque dans la bouche du pape:

« Benoît XVI dénonce les persécutions des minorités chrétiennes dans le monde et, avec autant de vigueur, la «christianophobie» croissante en Europe, dans un message à l’occasion de la 44e journée mondiale de la paix qui sera célébrée le 1er janvier 2011.

Dans ce document rendu public jeudi par le Vatican, le pape exprime sa profonde préoccupation devant l’ «hostilité» et les préjugés» contre le christianisme sur le Vieux Continent, où il estime que le «laïcisme» est aussi dangereux que le fanatisme religieux ailleurs.

«Puisse l’Europe se réconcilier avec ses propres racines chrétiennes qui sont fondamentales pour comprendre son passé, son présent et son rôle futur dans l’Histoire», écrit Benoît XVI dans ce message intitulé «Liberté religieuse, chemin vers la paix». » (20 Minutes)

L’usage de ce terme est très fréquent sur la cathosphère. Il constitue une réaction au caractère biaisé du traitement par les médias de l’Eglise et du Pape, par exemple dans les polémiques qui ont marqué l’année 2009, sur l’avortement à Recife, la levée de l’excommunication des évêques intégristes, ou encore la petite phrase du Pape sur le préservatif. Il se nourrit de l’inquiétude suscitée par des phénomènes tels que le succès de produits culturels apparemment dirigés contre le christianisme, que ce soient le Code Da Vinci, la pièce de théâtre Golgotha Picnic, ou encore la présence de groupes ouvertement hostiles au christianisme dans un festival musical tel que le Hellfest. Il manifeste une forme de révolte contre les propos d’élus qui détournent la laïcité pour tenter de confiner l’expression religieuse à la sphère privée, ainsi ce maire qui a supprimé dans sa commune la crèche de Noël. De manière générale, il traduit la prise de conscience par les catholiques qu’ils sont en train de devenir une minorité, et exprime une tentative de renverser le cours des choses.

Cette prise de conscience que la foi catholique est de moins en moins estimée, voire de moins en moins tolérée, dans note société, est exacerbée par le spectacle de plus en plus effrayant que constitue le traitement des chrétiens par les autorités dans les pays où le christianisme est et à toujours été une minorité. Au Pakistan, les chrétiens sont emprisonnés ou condamnés à mort pour le moindre prétexte (ainsi Asia Bibi, qui est emprisonnée et qui encourt la pein de mort dans le cadre de la loi anti blasphème) alors qu’il semble qu’ils puissent être tués ou violés quasiment en toute impunité. En Egypte, le régime militaire opprime les coptes, et vient de briser dans le sang une manifestation. En Chine, le gouvernement tente d’asservir les évêques et les prêtres, et persécute ceux qui se refusent de ses plier à ses décisions.

Pris au piège de ce contexte angoissant, certains chrétiens choisissent le repli. J’ai ainsi pu rencontrer plusieurs jeunes, dans des rassemblements tels que le FRAT, qui me confiaient avoir peur de se dire chrétiens au collège ou au lycée. Mais la tendance dominante semble être à la riposte. Un réseau très dynamique de blogs, ainsi Le Salon Beige, Perepiscopus, L’Observatoire de la Christianophobie, ou encore Riposte Catholique, effectue chaque jour un veille très précise des différents actes de « christianophobie » qui semblent opprimer notre belle Eglise, ici ou ailleurs. Des manifestion sont organisées très régulièrement, contre le les kiss in, la « culture de mort », le Hellfest, la pièce de théatre Golgotha Picnic, le Piss Christ, le soutien apparent de la Mairie de Paris à une fête de fin de Ramadan, etc Des pétitions sont lancées par mail et sur internet. Lassée des compromissions apparentes des catholiques qui ont vécu le Concile et de l’enfouissement qui semble avoir été la politique de l’Eglise dans les décennies qui ont suivies, la nouvelle génération entend redonner à l’Eglise une place centrale dans notre société.

S’il est indéniable que l’Eglise souffre d’un déficit croissant d’image dans l’opinion, et qu’il est du devoir de tout catholique de ne pas y rester indifférent, le terme de « christianophobie » est-il adéquat pour décrire ce phénomène inquiétant avec précision et pertinence, ou est-il lui même une interprétation, sujette à des non dits et des arrières pensées politiques ou idéologiques, qui déforme ce qu’il entend désigner?

Dans un article intitulé « Antiphobie », le blogueur Philarète dénonçait il y aun an les mots en « -phobie », qui condamnent a priori le débat et pathologisent l’adversaire:

« Je suis tenté de l’expliquer en remarquant que ces vocables visent à disqualifier la possibilité même d’un débat. Ils ont une fonction neutralisante : les « phobies » ne sont pas des idées, mais des maladies (voire des infections, des pestes). Or derrière la peur du débat se cache généralement le désintérêt pour la vérité ou, s’agissant de débat de nature politique, au sens large, le scepticisme à l’égard de l’idée d’un bien à poursuivre ensemble, et donc à déterminer à travers la délibération collective. Le refus du débat relève donc d’une forme profonde de relativisme : non pas du relativisme superficiel qui fait dire « à chacun ses idées », mais du relativisme profond qui rend aveugle à l’intérêt d’une confrontation des points de vue, des analyses et des arguments, confrontation qui serait susceptible de faire apparaître que certains ont tort et d’autres raison.[..]

C’est ce type de configuration mentale que l’on peut repérer, mutatis mutandis, chez les propagateurs actuels des mots en « -phobe » et « -phobie » : culture de l’unanimité morale, pathologisation de la « dissidence » idéologique. Et, comme dans les périodes de notre histoire nationale où apparaît le culte fébrile de l’unanimité, le phénomène traduit sans doute la fragilité de notre état social. Il faut se sentir très fragile, en effet, pour craindre à ce point l’expression des points de vue divergents ».

En ce sens, l’usage du mot « christianophobie » ne se borne pas à décrire et à dénoncer une forme d’hostilité dominante au christianisme, mais va beaucoup plus loin, en interprétant cette dernière comme une démarche irrationnelle, « pathologique », de haine, plutôt que par exemple l’expression d’un malentendu, d’une méconnaissance, ou de critiques dignes d’être intégrées dans un débat raisonné. D’où la tautologie brandie par les adeptes de la lutte contre la « christianophobie »: la lutte est la dernière issue possible, celle qui est du devoir de tout chrétien, ce qui semble présupposer que le dialogue a déjà été tenté, et a abouti sur des points d’opposition indépassable, mais toute tentative de dialogue est en réalité bloquée d’emblée par le terme même de « christianophobie », qui impose l’idée que l’adversaire n’est pas dans une démarche suffisament rationnelle pour ête capable de dialogue, qu’il n’est qu’une maladie qu’on éradique, et non quelqu’un que l’on peut respecter et et avec qui on peut échangerd’une manière fructueuse pour tous. Les catholiques qui épousent cette lutte contre la christianophobie déplorent de ne pas ête écoutés, mais se ferment eux-mêmes à tout dialogue en enfermant leurs contradicteurs dans des mots qui nient leur individualité et leur capacité à les surprendre ou à dépasser leurs arguments: il y a les « christianophobes », les « traîtres », les « tièdes », les « bisounours », … Ils ne sont disposés à dialoguer qu’avec ceux qui partagent leurs présupposés. Et comme le dialogue présuppose un désaccord préalable, pas étonnant q’ils ne croient le plus souvent pas au dialogue.

S’il est indéniable que nombre de nos contemporains sont de plus en plus hostiles à l’Eglise et aux valeurs qu’elle défend il n’est pas sûr que le terme « phobie » décrive leur démarche avec justice et en vérité. La plupart des membres de ma famille, de mes amis, de mes collègues, ont approuvé en profondeur les campagnes médiatiques contre le Pape en 2009 et après. Ils sont pour l’avortement, pensent que le Concile Vatican 2 n’est pas allé assez loin, et estiment pour la plupart que la religion est source d’intolérance. ils sont du côté des kiss in et de la défense de la laïcité façon Charlie Hebdo. Certains d’entre considèrent qu’une oeuvre « blasphématoire » n’est pas très éloignée sémantiquement d’une oeuvre « intéressante », et d’autres écrivent sur leur blog des nouvelles qui n’ont pas grand chose à envier au Golgotha Picnic. Ils ne sont pas loin de me considérer comme un tradi, alors que sans être un « catho progressiste » au sens usuel du terme, je suis plutôt de gauche, parce que je vais à la messe tous les dimanches, suis animateur d’aumônerie, participe régulièrement à des retraites et des pélerinages, essaie d’avoir une vie de prière et sacramentelle régulière, et m’efforce de vivre en cohérence avec l’enseignement de l’Eglise, y compris sur les questions sociétales. Ils participent intimement de ce phénomène dénoncé aujourd’hui sous le nom de « christianophobie ». Et pourtant, beaucoup d’entre eux éprouvent de l’intérêt et même de la bienveillance envers mon parcours et mon témoignage, parce qu’en réalité, ils ne ha¨ssent pas vraiment l’Eglise, mais la connaissent mal, et sont alarmés par l’image d’intolérance véhiculée par les médias. Et ce qu’ils connaissent de moi leur procure une certaine forme de soulagement, voire de joie, parce que cela leur fait prendre conscience q’un catholique, ce n’est pas seulement quelqu’un qui condamne ou qui interdit, mais que nous avons aussi des expéiences positives à partager avec eux et à leur faire découvrir. Et peu à peu leur point de vue évolue, devient moins tranché, plus ouvert… Je refuse de désigner ces proches par un qualificatif aussi réducteur et insultant que celui de « christianophobe ».

On m’objectera que l’on peut détester le péché tout en aimant le pécheur, et que l’on peut condamner la « christianophobie » en général tout en restant ouvert à la diversité et aux nuances des parcours personnels. En effet, s’il est évident que beaucoup de personnes n’aiment pas l’Eglise parce qu’ils la connaissent mal, on peut considérer assez justement que le vecteur le plus efficace de cette ignorance est la saturation de la culture par toute sorte d’oeuvres ou de spectacles qui donnent une image fausse, voire outrageante, de l’Eglise et du christianisme. Le Code DaVinci, le Golgotha Picnic, voire les morceaux de certains artistes de metal sont des exemples récents. De manière analogue, peu de personnes ont réellement étudié l’histoire de l’Inquisition, mais beaucoup y voient une tendance profonde de l’Eglise, à force de la voir représentée au cinéma, dans la littérature, les bandes dessinées, etc.

Cependant, s’il est vrai que l’on ne saurait séparer totalement l’art de la morale, dans la mesure où il cherche à témoigner d’une certaine forme de transcendance, qui est celle de la Beauté, on ne saurait cependant le juger suivant ses normes. Le Bien et le Beau sont liés de manière ultime en Dieu, mais ils constituent des manifestations distinctes de sa Toute Puissance, qui orientent vers Elle par des chemins différents. L’art trouve sa validation dans la représentation du Beau, qui est lié au Bien et au Vrai, mais alors que le Bien se laisse relativement bien traduire par des normes, le propre du Beau est de se dérober à ces dernières, et les artistes n’ont de cesse de déconstruire les formes fixées par leurs prédecesseurs. Les normes que les classiques ont tenté par exemple de donner au théâtre n’ont pas résisté au temps, et les grandes pièces de théâtre des périodes suivantes sont celles qui se sont essayé à briser ces règles. Ou encore, le black metal traite de réalités mauvaises: la haine, la colère, le désespoir. Mais son succès ne réside pas dans la tentative de certains de ses créateurs de promouvoir de nouvelles normes similaires à celle de la morale dans leur forme mais contraires à elle dans leur contenu, à travers des idéologies telles que le satanisme, mais dans le sentiment esthétique qu’il procure, qui touche à des réalités présentes dans l’âme humaine, qui ont des aspects destructeurs, mais aussi créateurs: ainsi le désespoir peut-il mener au désir de rédemption et à la conversion. Condamner une oeuvre ou un courant culturel parce qu’il semble traiter du mal n’est donc pas opératoire, parce que même un artiste fou ou maudit peut toucher dans sa création à un sentiment ou une réalité qui dépasse son projet conscient, et mener à une élevation de l’âme, et que même un saint n’y arrivera pas s’il se borne à imiter les représentations déjà existantes de la beauté, et ne cherche pas au moins en partie à déconstrure ce qui a déjà été fait. Le Bien réside dans la soumission à des valeurs communes, et le Beau dans la création de nouvelles valeurs. Il n’est donc jamais complètement possible de juger l’un par l’autre.

Ce qui ne signifie pas qu’il n’y a pas un combat culturel à mener en défense du christianisme. Mais l’erreur de nos pourfendeurs de la christianophobie est de croire qu’il est à mener autour de la culture alors qu’il se gagnera par elle. Par exemple, avec tout le respect que j’ai pour nos évêques, je suis un peu déçu que certains d’entre eux aient affirmé que refuser que les deniers publics financent de telles oeuvres puisse être une réponse adéquate aux problèmes qu’elles soulèvent . Une oeuvre d’art, si ratée soit-elle, avant que sa diffusion ne soit facilitée par des subventions, prend sa source dans une inspiration créatrice, qui est elle-même l’expression de sentiments et d’états d’âme de l’artiste, qu’il vise à faire partager. Bonne ou mauvaise l’oeuvre d’art n’est pas une pathologie ou un virus à éradiquer, mais le témoignage de la vie intérieure d’une personne. Le caractère outrageant d’une oeuvre est un effet, et l’inspiration créatrice qui anime l’artiste, son « génie » (que celui-ci soit réel ou non), est la cause. Chercher à empêcher la représentation d’une oeuvre (ce qui est un peu quand même le but d’une protestation contre des subventions publiques), cela revient à traiter les symptômes sans traiter les causes, ce qui est comme chacun sait le contraire de l’action d’un bon médecin. L’art traduit l’esprit d’un époque: la censure victorienne n’a pu empêcher l’émergence d’une littérature décadente, ni l’attrait de nombreux artistes pour des sociétés occultes telles que la Golden Dawn. Beaucoup d’oeuvres ou de courants combattus par les associations catholiques sont nées de l’underground, ainsi le black metal, et y puisent une partie de leur identité artistique. Attaquer leur diffusion ne convertira pas l’inspiration qui les a fait naitre, mais les radicalisera. Plus grave, ces attaques incessantes de Civitas et autres sur le terrain culturel, mais par des méthodes politiques et juridiques, accréditent l’idée que le combat pour l’Eglise n’est pas tant un combat culturel mais d’un combat contre la culture.

Le problème n’est en effet pas la diffusion des oeuvres, mais l’inspiration qui les anime: croire qu’on peut créer du Beau en attaquant l’Eglise, qui annonce la source du Beau. Il ne s’agit donc pas de faire taire l’inspiration mais de la convertir, en déployant non pas des juristes, des politiques ou des pamphlétaires, mais des musiciens, des écrivains, des poètes. La bataille de la culture ne peut se gagner que par la culture, en comprenant l’inspiration qui anime cette culture en partie hostile au christianisme, pour mieux la déconstruire et la dépasser par une inspiration nouvelle. ce qui présuppose de ne pas la condamner a priori comme une pathologie, une « phobie » et de refuser toute qualité artistique réelle à ses oeuvres, mais de comprendre de l’intérieur la démarche des artistes qui sont animés par elle, de dialoguer avec eux. Ce qui peut permettre dans certains cas de retrouver les traces d’une inspiration chrétienne chez ceux-là mêmes qui prétendaient la combattre: ainsi une grande partie de l’univers mental de nombre de black metalleux est stucturé par l’influence de l’oeuvre catholique de Tolkien. Ce qui constitue des pistes pour proposer une version proprement chrétienne de la culture comtenporaine, et de dépasser tout ce qu’elle peut avoir d’hostile ou étranger au christianisme de prime abord. . .

Il s’agit de mener le combat culturel en participant à l’activité créatrice de la culture contemporaine, et non en restant à ses marges en la condamnant. A lutter contre la christianophobie, les catholiques finissent par n’avoir que des choses à combattre dans notre société et aucune à proposer. S’enfermer dans une posture d’auto défense permanente, sans rien donner qui puisse avoir du sens et de l’intérêt pour les membres de notre société déchristianisée, c’est nous condamner à court terme à ne plus du tout être entendus, voire à être combattus à vue, et à ne plus pouvoir transmettre l’évangile, ce qui est pourtant beaucoup plus au coeur de notre mission que la lutte contre la « christianophobie ».

A force de traiter la culture contemporaine comme une maladie plutôt que comme un terrain d’échange, de dialogue et de construction, nous nous marginalisons et augmentons le ressentiment à notre égard. Puisque les catholiques de « riposte » adorent les références à la situation des chrétiens du proche et moyen orient, ils pourraient en ce sens méditer cette mise en garde du député maronite libanais Farès Souhaid, dans une interview publiée dans le journal Iloubnan, sur des questions différentes dans un contexte différent, mais qui pointe une tentation analogue:

« L’église devrait se positionner comme une pièce essentielle de l’architecture des mouvements actuels. Alors que tout ce qu’on entend, c’est que les chrétiens ont peur. Aujourd’hui quand j’écoute les Chrétiens j’entends juste qu’ils ont peur de tout. On parle du droit de vote à 18 ans, ils répondent « démographie musulmane ». On leur parle d’Etat civil, ils répondent « atteinte à notre identité chrétienne ». Ils informent l’Occident de leurs craintes mais l’Occident ne peut rien pour cette peur: les puissances occidentales voient dans cette région arabe, à majorité musulmane, un formidable intérêt économique; les entreprises occidentales attendent de se lancer sur ces marchés. Tout ce que l’Occident peut faire pour les chrétiens c’est leur proposer des visas pour quitter la région. Finalement, ici au Liban, une partie des chrétiens apparaît comme une communauté qui ne s’occupe que de ses intérêts (est-ce que la crise régionale va avoir un impact sur le système bancaire libanais, est-ce que d’éventuels problèmes sécuritaires vont perturber nos loisirs), une autre partie vit dans la peur (en Syrie, en Egypte, au Liban aussi bien sûr). Une autre est opportuniste et attend de voir dans quelle direction le vent va tourner. Dans ces trois cas, les chrétiens sont en marge de ce qui se passe alors qu’ils devraient y prendre part pleinement » (Matinale chrétienne de La Vie du 21 octobre 2011).

 Les associations catholiques qui misent tout sur la lutte contre la « christianophobie » se font fort de restaurer un catholicisme plus authentique, mais comme elles ne sont préoccupées que des intérêts de la petite tendance de l’Eglise qu’elles représentent (quelles sont les propositions de Civitas ou du Salon Beige pour plus de justice sociale, contre l’exclusion, la pauvreté,  ou même pour leurs initiatives d’évangélisation?) et n’ont rien à offrir à une société qui ne pense pas comme elles et ne les aiment pas, elles sont condamnées à échouer. Gardons nous de nous laisser entrainer dans leur chute probable, et de substituer à l’enfouissement de l’autruche de nos parents celui du bunker qu’elles (im)(pro)posent, qui est séduisant pour tous les jeunes souvent frustrés par les préjugés dont ils sont souvent victimes en tant que chrétiens, mais qui n’aura pour conséquence vraisemblable que d’accélérer la déchristianisation de notre société. Les pères de l’Eglise apportèrent l’espérance et le pardon à leur contemporains. Et de manière étonamment inverse, Civitas et ses acolytes n’apportent que la peur de l’autre et les condamnations…